une mouche crame sur la lampe et ça sent ça sent la mouche grillée
poème plat vie des mots, vie des petits animaux grillés
je suis dans l’autre sens des mots, je fais le tour de la maison pour faire des images du ciel la nuit
la nuit est claire, ce ne sont plus des mots, c’est la nuit – claire – et la lune, que je vois si je la regarde, entourée de nuages nonchalants
ce sont des mots, ce sont les mots qui ne sont pas tous dans la nuit nonchalants n’est pas dans la nuit, nuages figure dans la nuit claire est-elle ? ô nuit
mes mots ne sont pas dans mes pieds quand je fais le tour de la maison mon corps abstrait, il n’y a plus personne que les nuages, la clarté, une ou deux étoiles – que je vois si je les regarde –
de là-bas viennent des musiques, de la nuit sans mots sur mes pieds nus
La java se danse avec des petits pas à trois temps, non pas tournés comme dans la valse, mais dandinés.
1. agitations matinales, fonction journalsam. 8 févr. à 10:33, fonction recherche, fonction que puis-je faire pour vous ?température maximale, température minimalebelles éclaircies, nuages prédominants ce soirsur le bureau du grand-père de mon grand-pèrec’est la java bleue, la java la plus belledans la cuisine, le bruit spartiate de la machine à caféla java la plus belle, celle qui ensorcelle,c’est la java bleue, celle qui ensorcelle,qu’on danse les yeux dans les yeuxfonction aujourd’hui, qu’est l’aujourd’hui ?
2. dilemme de la petite villel’écrire ou y aller, lun. 10 févr. à 10:37bord de mer, fin du bord de meriode, odeurs d’iode, poissons frais, odeursrespirer le port, l’odeur du port, le port comme Pessoa tout entier rôdant vers le portses effluves disparusbord de port autant que bord de merdifférencier les bords, s’attarder aux bordschapeau, canne à pêche, réécrits quinze mille foistaquiner le poisson ! canne triomphale soulevée !fonction auparavant, qu’est l’auparavant ?
3. je parle à ma salle de bainsje lui parle intérieurement, lun. 10 févr. à 15:36je lui demande où sont mes pastilles pour la gorgeil n’y en a plus alors va te faire un thé, me répond-elle,j’obéis, c’est tell. prat. d’obéir à la voixl’odeur de Paul et Virginie c’est le nom du théest absol. délic. ensuite du chiffon de mes lunettesje fais mésusage, j’essuie autre chosema distraction vient de la voix qui m’intimele temps du sablier est écoulé, il y a trois tempsj’en ai choisi un, il a fait le thé c’est écrit quelque part[fonction rappels, vous n’avez rien de prévu demain]
rien n’est simple, ni le mot ni l’homme ni le poisson
de nombreux mots se glissent comme des poissons sous les ceintures abdominales et dévorent les organes de la raison ; car la raison est un poisson intérieur
les mots au fond des bouches qui font plop à la sortie, les mots à la surface comme quand on fait le poisson, s’exercent à avoir raison de la raison c’est la chose la plus forte – la plus forte (répète l’écho) –
*
je descends à S. pour écrire un mot je ne m’appelle pas mon ami Pierrot bien sûr que non ; devant le miroir je fais le poisson que je ne mange pas
je descends à S. pour écrire un mot et rencontrer le poisson que je ne suis pas la solution que je mangerais violemment
la violence n’est jamais une solution, le poisson peut-être
la théorie de l’évolution n’est pas seulement l’histoire de l’humanité mais aussi l’aspiration à ce que l’être évolue tout au long de sa vie or l’être peut revenir en arrière, redevenir poisson [hyp.]