un bouquet de joie touffu

écrire ne se montre pas
écrire ne se saute pas
écrire ne se vocalise pas
écrire est écrire (et c’est encore trop : écrire est)

plaza de San Agustín, Cordoba
une église en hauteur, Lons le Saunier, Jura

dans cette ville du sel à l’Est
dans cette ville au bord du Guadalquivir

dans ces villes que la géographie et l’histoire
peuvent tout à fait décrire avec de nombreuses phrases

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écrire le résultat ?

il faudra y revenir, disent-ils
oui, il le faudra, pourrait-elle dire

mais rien ne remplace l’expérience,
ajoute-t-il

on se demande pourquoi d’ailleurs,
ose-t-elle

écrire le résultat ?
oui ! un bouquet de joie touffu !

à l’impossible bordel amer ::::

dans les mots carrés il y a une femme qui rampe

 

le carré n’est pas un cube ou s’il l’est c’est qu’il s’est multiplié

nous venons de loin, de là-bas, encore plus loin, faibles

la dépense de signes diacritiques est autorisée en dépit du bon sens

dans ces circonstances exceptionnelles : les couper en quatre

 

dans les mots carrés, femme qui se dédit n’avale pas mouche

 

ce qui est en cours jouxte l’utile, le pratique, les programmes

tout se saute dessus et fait un tas, puis deux, à pieds joints

la joie participe fièrement à la compression des organes vitaux,

elle sort en robe de soirée et distribue des tickets à l’encan

 

dans les mots carrés, femme fatale se signale : coucou

 

dimensions, affiches, ruines, portes se sont augmentées

et au nettoyage de la carrée l’intendant fou s’est attelé

femme rampe, verticale, à l’espace fusée sonore détruit

les configurations prévisibles, et son rire s’élève dans sa fuite.

rognures de notes sur le Dasein et le Gerede

comme ça vient : de l’impossible toujours possible

une note après l’autre : le beau s’est éloigné

crainte de l’abaissement : la catastrophe a déjà eu lieu (Winnicot)

le blabla de l’être-là : est là. est, en ce sens, là.

il ne s’agissait pas de cela : alors de quoi ?

par temps de – – – – – – – remplacer les tirets par un mot

texte à trous : il l’est toujours, puisque la langue l’est, trouée

nous dirions encore : quel est ce nous ? (hein ?)

ce ne sont pas des notes : non, c’est un semblant

voici des notes : qu’auriez-vous pensé de la finitude ?

L’angoisse est une disposition affective qui remplit la fonction de ménager à l’être-là une ouverture vécue et primordiale pour l’être-pour-la-mort.
L’angoisse se distingue des autres dispositions affectives en ce qu’elle met le Dasein en présence du non-étant.
L’angoisse désigne le sentiment de la situation où intervient l’épreuve authentique de la finitude.
(notes extraites de La notion de finitude dans la philosophie de Martin Heidegger,
Henri-Charles Tauxe, L’âge d’Homme, 1971)

le beau s’est éloigné : on regarde le bleu

on regarde en l’air : on lève, on relève ? on révèle ? on rêve ?

comme ça vient : le blabla de l’être-là

[autres rognures de notes]

snow pillow shadow

le beau est un moment
mais le beau n’est pas intéressant

pas tout le temps le beau
le beau lève le beau soulève le beau élève

le beau c’est si haut que jamais
l’échelle ne l’atteint

le beau remplit le thorax
parce qu’il est respiration amplifiante

creuse dans le noir le beau surgit
craque l’étincelle des courbures suaves

snow pillow shadow
mon esprit est en morceaux

petit poème du brocoli [dit ppb]

j’vais tricoter un brocoli
j’vais l’bricoler l’tripoter
un brocoli frisé tout vert

j’vais l’plonger dans l’eau
j’vais l’voir verdir et verdir
pis j’vais l’bouffer

si bricolé l’brocoli
tout arrangé assaisonné
tout croquant l’brocoli

le brocoli et l’travail (et v’là l’travail)
j’me dépêche de faire le brocoli
c’est la chose la plus importante

tout remettre à zéro
c’est l’affaire du brocoli
le brocoli c’est mon frère

en tempura l’brocoli
et j’pense à Barthes comme
je n’y avais plus pensé d’puis longtemps

j’pense que mes pensées
n’sont pas arrêtées par quiconque
seule avec le brocoli

que personne ne vient m’interrompre
d’un à quoi tu penses
puisque l’brocoli est tout vert

[Paris-Madrid et autres cuissons]

comment revenu le sérieux

juste un mot c’est le mot pas celui-ci
lequel est le juste

j’ai un doute
concernant les mots

sous la couverture du sérieux
qui n’est plus

s’épanouissent futilités
s’évanouissent pensées

du sérieux disparu la tectonique
des plaques à côté

comme le geste du dj
bégaierait encore sur sa platine

les mots volent en meute molle
lesquels seraient les justes