[ne produis plus de discours]

pense cuisine comme texte, arrive très vite à “faire”

cuisine pourrait être un livre
qui ne parlerait évidemment pas de cuisine
mais de
“faire”
or il est impossible de parler de faire
donc il ne parlerait de rien
parce qu’un livre ne parle pas

le faire est le roc de la nécessité
comme il doit l’être lorsque le danger guette

de face, bien tenu sur [ses] jambes
en position de combat
poings en avant
tête & mâchoire hautes

et alors plus aucun livre ne tient
la phrase est oubliée
sans cesse oubliée

la route se déploie
dans les plaines et sur les plateaux
géographie fuyante de la langue
volant maintenu
faute de quoi double tonneau
au ravin des idées tièdes

à l’arrêt : cuisine comme texte etc.

 époque soviétique (réminiscence de kolkhoze)

quelques peupliers visibles

Dimanche 7 juin 2009

 

——————- des filaments de mots, bleu cime noire ; miss, pourquoi des arbres au bord des routes, à quoi servent-ils ?

ils parlent, de plus en plus fort, droite, gauche, lunettes, col ouvert, crâne chauve, série B, hyperbole, racines noires de la blonde, lunettes, regards affolés, brouhaha, odeurs, haleines, insulaires de France ————————

un homme au bord de la route, jambes écartées, git, dormeur du val, bonjour, eux, casqués brillants, harnachés, autour furtivement lui soufflent dans les bronches, on passe, surveillant la vitesse, ronronne la vitesse ——————————

au niveau national, au caniveau national, régresse, bouleversement, séisme, cherche la tête, cherche qui parle, feuilles frissonnantes, brillantes, bicolores réversibles, caput mortuum ————————-

échec, reconstruire, identité, défi, message, valeur, crise, crise, valeur, centre, ouverture droite, fermeture, gauche ————–

un homme, au bord d’un continent, jambes écartées, bras écartés attend la mort, semblant dormir, semblant dormir ——-

 

 

points d’appui

Jeudi 16 avril 2009

 

L’homme parle. C’est un fait. Il parle (la femme parle aussi bien sûr, la femme étant comprise dans l’homme du point de vue de la langue que nous partageons ici, sauf dans quelques débats de grammairiens ou de féministes ou qui on veut on s’en fout c’est pas le sujet). La femme parle. Elle parle. En somme, chacun/e parle. Ce sont des faits. Les hommes et les femmes parlent. Plus que les animaux en tout état de cause.

Si on met des Malabar™ sur les mots, ils collent et ils deviennent roses. Ce sont des faits. Au lieu de faire des phrases, peut-être qu’ils feraient des rubans mous, roses, intercollants. Et le bonheur des vendeurs de Malabar™ au passage.

L’homme/la femme prononcent des mots roses et collants, les échangent, les envoient, les adressent, les pianotent, les tapotent, caractère par caractère, les synthétisent, les additionnent, les crient, les hurlent, les pleurent, les brament, les mailent, les bloggent, les téléphonent, les via voicisent, les génèrent, en font des nuages, des nems, des particules, les associent, les dissocient, les groupent par affinités, les dégroupent, les cachent, les mettent au rebut, sur le balcon, au frais, dans des coffres, leur font prendre l’air, les livrent en catimini derrière leurs mains, les sussurent à leur amant/e, les reçoivent, ne savent pas qu’en faire, ne savent pas qu’en penser, n’en pensent rien, en pensent quelque chose, se ravisent, n’en pensent rien, si tu veux, comme tu veux, peut-être, je ne sais pas quoi te dire, qu’est-ce qui te dit que je ne comprends pas ce que tu dis, qu’est-ce qui te dit que je n’ai pas entendu, ne s’entendent pas, s’écoutent mais ne s’entendent pas.

Pendant ce temps, une femme grecque chante du Moustaki. Ce temps de pendant qu’une femme grecque est un artifice dont personne ne nous sauvera.