il faut que je fasse un autre texte

c’est un peu long à dire, à penser, à écrire
comment éviter cette longueur ? il n’y a pas de solution,
s’il le faut, je dois le faire, s’il ne le faut pas, je ne le fais pas.
il se trouve que je le fais,
mais comment en être sûre ?
ce texte se fait aussi sans moi, il court sa petite vie de texte
comme un grimpant le long d’une façade, le long le haut,
pas un rosier, pas du lierre, un autre : du chèvrefeuille ?

c’est un petit texte.
qui a dit qu’il devait être long ? qui a formulé cela ?
regards circulaires, silence dans les rangs.
il a été dit : autre, c’est tout.
pourquoi long ? de quelle longueur (serait-il le nom – nouveau clichééééé -)
un autre par rapport au même : où est enfoui le même ?
sous la glycine des jours perdus ?
sous le mauve du taffetas inutile ?
sous les mots qu’on n’utilise plus jamais ?
sous le on un peu piteux que j’emploie pour me cacher ?

il faut que je fasse un autre texte :
c’est pourtant simple, limpide, quasi-princier,
il a sa traîne, ses favoris, ses lumières,
point.
enfin… un autre texte ?…
je le vois comme si je l’avais fait !
et peut-être l’ai-je déjà fait ? voyons, regardons sous le lit :
il attend dans l’ombre le signal de la sortie, de sa parution
il attend dans l’ombre des années, d’exister
il attend que je le fasse
il m’attend.

de la langue française, mot(s)

il est dans les hésitations, dans les limbes
il a des contours flous, des drapés diaphanes,
il emprunte des mots souvent courants, il en perd d’autres,
à un moment il a la tête penchée,
pour un texte, c’est bizarre, il se penche sur amour,
il l’a rêvé, puis l’a mis à la corbeille, d’un geste délibéré,
ensuite, pris de remords, il l’a recherché,
rien ne se recherche, a pensé ce qui pensait sans glisser
il a bien vu que penser et pencher, il a vu, entendu
c’est courant, il n’a pas couru, il a continué,IMG_20160607_132113
il est bien sous sa douche de mots penchés
il les savonne sans glisser, il prend des précautions,
il en faut, pour un texte qui se pense,
mais pas trop, il ne faut pas trop travailler,
il n’est pas une pâte, un texte n’est pas une pâte,
où est amour, il l’a rêvé puis mis à la corbeille,
sans penser à rien, ou bien il l’a dit à quelqu’un
qui n’a pas entendu, le seul mot qu’il n’utilise pas
aurait-il dit dans son rêve ou bien ailleurs,
la corbeille est vide, le texte a disparu
il est dans les limbes, dans des drapés diaphanes

(une autre fois, il sera question de bonbon)