il faut que je fasse un autre texte

c’est un peu long à dire, à penser, à écrire
comment éviter cette longueur ? il n’y a pas de solution,
s’il le faut, je dois le faire, s’il ne le faut pas, je ne le fais pas.
il se trouve que je le fais,
mais comment en être sûre ?
ce texte se fait aussi sans moi, il court sa petite vie de texte
comme un grimpant le long d’une façade, le long le haut,
pas un rosier, pas du lierre, un autre : du chèvrefeuille ?

c’est un petit texte.
qui a dit qu’il devait être long ? qui a formulé cela ?
regards circulaires, silence dans les rangs.
il a été dit : autre, c’est tout.
pourquoi long ? de quelle longueur (serait-il le nom – nouveau clichééééé -)
un autre par rapport au même : où est enfoui le même ?
sous la glycine des jours perdus ?
sous le mauve du taffetas inutile ?
sous les mots qu’on n’utilise plus jamais ?
sous le on un peu piteux que j’emploie pour me cacher ?

il faut que je fasse un autre texte :
c’est pourtant simple, limpide, quasi-princier,
il a sa traîne, ses favoris, ses lumières,
point.
enfin… un autre texte ?…
je le vois comme si je l’avais fait !
et peut-être l’ai-je déjà fait ? voyons, regardons sous le lit :
il attend dans l’ombre le signal de la sortie, de sa parution
il attend dans l’ombre des années, d’exister
il attend que je le fasse
il m’attend.

brouillon petite forme

21 mai 2007 (soi-disant)

De cette sorte de rien qui fait que années 60 sonne très connu, banal, archi-vu, testé et approuvé, rock’n roll, soubresauts de l’histoire occidentale, bas nylon et Kennedy. Très pauvre instruction de l’histoire ; bilan maigrelet,
vous repasserez.

Je me lamente et me tords dans ce vestiaire prolifique, à manipuler à l’arraché des cintres empilés, étouffant et froissant les vêtements, dans cette odeur de vieille poudre de Madame. Labyrinthique, pire qu’un entrepôt d’archives souterrain, l’endroit n’est pas brillant question éclairage, moi non plus question pas brillant, donc, j’ai les bras épuisés à tirer comme un forcené chaque manche pour examiner des vestes incongrues, mais les ordres sont les ordres. Trouvez-vous un écossais en base bleue pour faire figure. De quoi j’aurais l’air ? C’est la consigne de la production, c’est très années 60, l’écossais. Oui mais en base bleue ? Vague suspicion d’un truc qui n’existe pas ; je chercherais quelque chose qui n’existe pas, je passerais tout le reste de ma vie dans ce vestiaire poussiéreux à la recherche d’un écossais inexistant, tandis qu’au-dehors le monde se modifierait à vue, et moi je serais toujours là à chercher
la veste indispose.

La haute verrière dispense sur ces vieilles fringues soi-disant rangées par genres, styles, types, fonctions, et tailles mais je n’en suis pas sûr, un surplomb de saleté, une aura grise surajoutant à la lumière insuffisante le souvenir des années fanées.
Quand je pense que certains les aiment tant.

du côté du sentiment. avec certains.

tu l’as lu ?

non je ne l’ai pas lu

les récits de l’année passée sont passés

l’année est passée

certaines choses reviennent.

tu écris souvent ?

il n’écrit plus beaucoup

il est déçu, son livre ne s’est pas vendu

on dirait du Marguerite Duras, non ?

c’est fini.

c’est désopilant

quoi ?

le marsupilami.

elle écrit comme dans les années, là

ah oui, les années, là.

il est bien, son éditeur ?

ça dépend ce qu’on entend par bien

qu’est-ce que tu voulais dire ?

avec certains : le sentiment.

je ne le vois plus depuis un moment

bah, ce sont de vieilles histoires

t’as peur de la mort, toi ?IMG_20160417_175953

il y a beaucoup de choses, je n’ai pas tout lu

j’ai lu mais ça n’avance pas, alors

j’ai feuilleté, bof

je ne suis pas rentré dedans

j’ai eu du mal à finir

il a pris un tournevis pour ça ?

ça marchait mieux avec une pince, il a pris une pince

je crois que je préfère encore ne pas y aller

finalement tu as fait quoi ?

ils s’entendent moyen

on s’en va ?

oui.