les mers du globe ont augmenté de six mm nous apprenions les mm à l’école des divisions, des grandeurs, des tailles tout en dizaines tout en disant rien ne pouvait se produire d’autre que de compter les distances que de distendre les contes chaque jour recommencés et dans lesquels se confondre
les mers du globe ont augmenté de six mm tous les chiffres rappliquent tous ensemble tous les pourcentages, toutes les gravités tous les superlatifs que plus aucun filet ne retient un tout petit et un tout grand toutes les mers et six millimètres ils se font face et rien ne les arrête ils se mixent et nous recouvrent six millimètres sur toutes les mers
de ce globe que nous habitons
…………………………………………………………… tracer des parenthèses et s’y coucher longuement aux bancs du boulevard se laisser tomber
………………………………………………………………… je me fais remplir l’oreille de cigales et puis au creux de la route
………………………………. armoire à la glace rayée (regarde, lui, tous ces muscles qu’il a)
…..………………………………… nous parlons de livres
je n’ai pas d’idées. devant ma bibliothèque je stagne. c’est effrayant.
…………………………………………… je cherche eau mais tous les mots qui se finissent par eau se présentent : il y en a trop
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une civilisation chute, entourée d’eauje me demande dans quel sens :entourée d’eau, une civilisation chutela chute d’eau ramollit ; elle est artificiellele jet malingre finit par cesserune civilisation chuteentourée d’eau
le scenario : une femme, nue, regarde ses pieds chaussés de mules plates à brides croisées de cuir noir, montées sur une semelle de corde blanche et noire, auxquelles elle a ajouté un ruban en gros-grain gris anthracite pour tenir un peu le pied à l’arrière.
elle regarde ses pieds, chaussés de mules améliorées, reflétés dans une glace à trois pans et repense au film qu’elle a été voir, dont le scenario n’était pas clair du tout, qui racontait l’histoire d’un film se faisant avec un scenario pas clair du tout, en réalité se faisant dans une absence de scenario, en réalité ne signifie pas en réalité mais : dans le film.
ses pieds prolongés par ses jambes, elle peut encore regarder : les chevilles enlacées par le ruban gris anthracite, c’est intéressant, il y a un côté danseuse immédiat : l’immédiateté de la danseuse.
elle constate qu’elle peut à la fois regarder ce que ses pieds enrubannés lui évoquent – la danse – et continuer à penser des refus : les rubans défaits chez Degas par exemple, elle s’en fout des rubans défaits.
c’est dans le scenario de la femme nue qui dédaigne son corps, qui serait mieux sans, que la femme constate : impossible de vivre sans corps.