hier j’ai vu des tomates dans un jardin
des tomates grosses et rouges, d’autres vertes
je manquais de tomates, je voulais quelques tomates.
la dame dans le jardin du bord du pont en réparation,
la dame habite là, le monsieur aussi,
il sortait de sa maison, gros, un gros monsieur,
mais pas plus gros que n’importe quel gros monsieur comme il y en a plein,
la dame je ne l’ai pas vue je l’ai entendue, derrière le buisson de tomates derrière le grillage qui les protégeait.
j’ai fait quelques pas, je suis revenue, repartie,
l’ombre difficile à trouver me faisait hésiter, je ne pouvais pas demander à la dame les tomates : elle restait cachée,
et le gros monsieur qui sortait là-bas de la maison était trop loin
j’ai encore regardé le pont en chantier, un très grand pont particulier comme il n’en existe plus, un monument à regarder
et puis je suis repartie, cette fois pour de bon, sans tomates.
dans ma tête, il y avait à la fois des tomates et de la confusion de pont,
je ne voulais ni pont rouge ni pont vert : le pont était recouvert d’un linge blanc brillant
je devais chercher l’ombre, je constatais que rien ne remplace l’ombre.
ce constat, je l’ai ensuite réitéré plus loin,
j’ai traversé un paysage très plat, jaune sec, sans ombre.
les tomates n’étaient pas obligatoires, mais ç’aurait été mieux,
ç’aurait été mieux que j’aie quelques tomates,
si je n’en avais pas ce n’était pas grave, oui mais,
certaines sont vertes, elles sont peut-être dures
je suis repartie avec l’idée que peut-être ces tomates n’étaient pas bonnes,
alors que je pensais aussi le contraire.