(lorsque le temps a passé sans aucune sorte de prévisibilité)
il y a peu _____ avant / en un jour arrêté ::: starting-block sous son genou l’effort déployé_____à la ligne d’arrivée membres en moulinets, poussière soulevée quant à sa sueur sous les hourras elle coulera et ressurgira dans un mélèze sur un pan de montagne abrupt & caillouteux
du plan au pentu_____jouer une mélodie grave et pittoresque qu’aucune illusion ne rompra non plus que méthode moulinets des membres restent / du récit à peine falsifié sous une forme détournée une image tremblée se donne chaque fois_____ pour vraie
(lorsque le temps a passé sans aucune sorte de prévisibilité)
Il n'y a pas de produit pour farter la pensée.Non.Qui dit non ?Non. Non est un quoi.Elle glisserait sur les cimes.Plus de cimes pour la pensée.Non plus.Un abîme ? Un naufrage ?Une profondeur tant qu’on y est.
on dit que c’est vieux, on dit que c’est du passé, on dit que ça pue parfois on regarde on dit que ça va pas, on remue le nez : ça va pas
examen des vacuité, des vanités, & d’autres -tés parler du capitalisme sur une chaise longue parler du capitalisme en tongs
on parle avec des mots sans sens, des mots qui s’agitent on les agite comme des hochets : ils sont des hochets il n’y a plus d’air entre les mots, ils ont chaud
examen des ornementations, des suffixations, & d’autres -tions les mots empruntent des queues-de-pie les mots s’habillent de filaments longs
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et on finit par oublier le bruit
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[résorption, ellipse, coupure, absence de culpabilité personne n’est coupable parce que personne n’est coupé]
(…) je n’écris plus, il faudrait que j’écrive sur le défêlé la déliaison la lettre de l’Entrepôt pourrait faire entremise
écrite à quelqu’un, à l’ami hors de prix
passant près d’un cimetière, tous les corps, de pierre entourés, de pierre, de ciment, de béton, tous les corps invisibles
à nouveau, invisibles dès le début, invisibles à la fin
le défêlé : le passage des ans défait la fêlure laquelle disparaît
les exagérations se rendent visibles depuis le lointain excès calcifiés dans du ridicule aucune conclusion ne peut être tirée non plus que vin : tonneau vide
une immense introduction à tout introduire, encore introduire, remonter l’objet, le sens échappe absolument
je suis hélas un poème alors que je partirais que je n’en voudrais pas que j’ignore tout de ses effets
*
Lettre de l’Entrepôt.
Lettre dite de l’Entrepôt, avant qu’elle soit écrite, et qui ne serait peut-être jamais écrite. Avec une adresse
Cher ami,
tout de suite détournée en
Cher, très cher ami, ami hors de prix,
qui débuta dans un autobus à la hauteur de l’ex-hôpital St Vincent de Paul, direction le Sud, longeant un chantier, un parmi tant, la ville entière est en chantier,
dont on trouve quelques traces malhabiles, interrogatives, préparatoires, dans un cahier jaune, le but étant toujours le même : ne pas oublier, comme L’enfant fini – quel drôle de titre, dirent-ils, nombreux – écrit dans son cahier à New York le long de l’Hudson pour ne pas oublier ce qu’il vit.
Cher ami,
J’aurais pu commencer cette lettre par une circonstancielle : Depuis ces quarante dernières années… Je peux la commencer par : deux espagnoles dont une en robe fluide imprimée, dressent les tables dans le mitan de l’après-midi alangui, et sûrement qu’alangui est de trop. Mais il contient langue.
Il y a aussi une recommandation, un avis plus ou moins secret. Une prescription, un danger : la lettre de l’Entrepôt ne doit pas ressembler à une lettre. Oui, mais alors à quoi ?
Cher ami si cher (finissons-en),
Je t’écris cette lettre de l’Entrepôt. Non pas depuis l’Entrepôt où je me trouve, mais de l’Entrepôt en tant qu’il a soudainement fait surgir cette lettre. Mais je voudrais ne pas préciser davantage. Tu as disparu, ce serait un préalable au fait que tu me sois devenu si cher ; ce serait un début d’explication. Dans le fond, je ne sais pas qui tu es, et c’est ce qui fait ta valeur.
Si cette lettre a son importance, c’est qu’elle est bel et bien une lettre et que tu la reçois sans la demander, c’est le principe de la lettre : c’est un risque que de te l’envoyer. Je prends ce risque. Par ailleurs, je prends le soleil (et le rends peu après qu’il m’a légèrement brûlée).
Ce n’est pas si facile de t’écrire, je n’y mets pas de mauvaise volonté, je voudrais bien, mais je constate : cette lettre, que je voudrais ample, court le risque de la recension de petits faits, tout ce que je voudrais éviter.
Il y a, dans les faits qui m’occupent, des petits, certes, et aussi des moyens et des grands. Mais t’entretenir de ces faits ne me semble pas à la hauteur de la Lettre de l’Entrepôt telle qu’elle survint après Port-Royal et avant Denfert-Rochereau. Très précisément dans cette portion de route bordée de murs.
Il y eut ensuite, dans un autre autobus, une bordure végétale qui maintint ma curiosité sur le vif, au long du cimetière Montparnasse, rue Froidevaux. De petits arbres, plantations et herbes folles protégés par une dentelle de fer peinte en vert éloignent la perception de l’idée de mur d’enceinte. Ainsi, avant de penser cimetière, on peut penser décoration, si ton regard traîne vers le bas.
Les morts du cimetière ne sont pas réels, depuis ce bus aux vitres sales. On n’y pense pas vraiment. Pourtant ils sont morts et nombreux. On est désinvolte avec ces morts, avec la mort en général. Ils ont disparu, comme toi qui es ou n’es pas mort. Mais qui suis-je pour statuer sur ton état ? (…)