abolir les années ::::::::::::::

ça dépend comment tu es disposée, ça dépend ;
il faut d’abord retrouver ce qui est, tu prends beaucoup de temps à retrouver, déjà tu te demandes ce qui a été trouvé, ensuite, retrouvé, tu erres le long d’un couloir, tu n’avances pas, le couloir s’allonge au fur à mesure, au fur au fur, à mesure à mesure ;
tu l’as toujours pas retrouvé ;
des paroles se dessinent, et, contrairement aux bonnes mœurs qui consistent à les écouter, tu les regardes ;
tu cherches continuellement, des comparses arrivent, impossible de leur demander quoi que ce soit, ils préfèreraient mourir plutôt que de dire, leurs yeux fuient, ils sont apparus dans un roman (qu’aujourd’hui certains dénomment fiction), voire deux, voire plein, ne mégotons pas ;
tu tues la facilité, tu dis à la facilité : regarde-moi dans les yeux, je te tue au milieu ;
tu oublies que la facilité n’a pas d’yeux ou bien tu fais semblant d’oublier ;
pour la nième fois tu refuses de répondre parce que tu ne sais toujours pas quoi ou que répondre à la question ;
toutes les questions t’ennuient mais ils continuent de les poser ;
tu sais de source sûre que la médiocrité n’a pas de fin et que de nombreux abonnés et souscripteurs feignent d’en être exclus, or non, ils n’en sont pas du tout exclus, ils sont inclus dans le cercle de la médiocrité, voire mandatés pour le faire tourner ;
tu as des piquants, bien que etc. ;
avec tes piquants, dont on a admis, et l’existence, et le postulat de l’existence virgule tu piques : erreur, rien ne pique, tu voudrais piquer mais rien ne pique, il faut résoudre l’énigme ;
tu fais appel à un résolveur d’énigme, que tu trouves dans le bottin qui n’existe plus : à ce moment, tu as trouvé ce qui est, reste à le retrouver ;
tu observes que ce qui est se trouve dans un objet oublié des enfants, et des autres qui ne sont pas des enfants ;
tu veux à nouveau tuer la facilité mais impossible, tu es toi-même sans milieu vis-vis des yeux, et être sans milieu crée une gêne ;
tu inventes un dialogue ineffable entre mme parasol et mme paracétamol, qu’il t’est à l’heure actuelle impossible de retranscrire, prise que tu es par la vitesse d’exécution des prolégomènes de l’œuvre ;
tu redoutes les prolégomènes, ils te sortent par les yeux ;
tu observes que tu mimétises la médiocrité, oui mais elle avait qu’à pas être là, non plus que le néologisme ;
tu observes alors que tu infantilises ton propos ;
oui, mais ;201020141131
tu observes que la marche du monde accélère la médiocrité et l’infantilisation, tu ne sais pas qu’en dire ni qu’en faire ;
tu te souviens que ton arrière-grand-mère est morte à baden-baden quand tu avais vingt ans, c’était hier, ajoutes-tu par faiblesse ;
que les autres arrière tu n’en sais rien ;
avec celle de baden-baden pour dernière demeure, il reste des lettres, vous vous écriviez, elle te faisait la morale féministe : il ne faut pas se faire entretenir par un homme, tu te faisais entretenir ;
tu as toujours préféré jouer au flipper plutôt que faire n’importe quoi d’autre, à l’orée des jours, vers le milieu du jour, de part et d’autre des yeux, la boule et les bumpers ;
la boule que tu suis des yeux, ne jamais la perdre des yeux, actionner les bumpers pour qu’elle ne tombe pas dans le trou-trou du milieu ;
tu ne peux pas te résoudre à autant de facilité et pourtant ;
tu te demandes si facilité et médiocrité c’est la même chose ;
tu te demandes rien vu que tu es saoûle ;
tu prends alors une voiture et puisque c’est comme ça tu fonces dans la foule, mais tu freines parce que t’as jamais pu aller jusqu’au bout ;
tu n’as pas réfléchi si mourir à vingt et quelques est intéressant, tu as freiné avant de tamponner le réverbère ;
ensuite tu as fait ta vie, toute une vie, rapido-presto ;
quand tu t’es réveillée, plus de flipper, plus de bumpers, plus de boule ;
tu es sortie du bar il faisait jour, nuit, tu as respiré (inspiré, expiré) et marché jusqu’à ce que les années s’effacent presque complètement.

son sourire

dans la tempête son sourire, au loin il fume

à l’abri

un seul sourire, d’un seul homme, au loin

un abri

dans le gris tempête, sourire blanc dans visage noir

est l’abri

des cheminées fument leur gris, tempête au gris

de l’abri

son sourire, au loin : l’abri

abri

adopter un point de vue

l’adoption d’un point de vue obéit à des règles nombreuses –
avant de l’adopter, le point de vue est couvé dans une couveuse de points de vue, tous plus ou moins équivalents –
ou qui se présentent comme tels –
aucun petit bonnet de couleur pour les distinguer –
le point de vue est indispensable pour circuler dans la vie courante –
même si on ne court pas on en a besoin –
on peut vivre sans, mais plus difficilement –

le point de vue se caractérise par une complexité de structure :
un, le point –
deux, de vue –
le point de vue suppose la hauteur, bien que la hauteur de vue, elle, ne soit pas directement corrélée au point –
de nombreux points de vue sont dépourvus de hauteur de vue –
le point de vue avec hauteur de vue est en option –

l’adoption d’un point de vue est un long processus –
tellement long qu’on n’en voit jamais le bout –
adopter un point de vue c’est forcément se dérouter –
voire perdre le fil –
quand le point de vue est adopté, un rien peut le faire chanceler –

l’adoption d’un point de vue requiert une infinie patience :
faire antichambre, attendre que le chambellan ouvre la porte –
s’il l’ouvre –
s’il ne l’ouvre pas, risque de demeurer à vie dans l’antichambre, sans adopter aucun point de vue –
ou bien, la porte s’ouvrant, bousculade de points de vue désireux de se faire adopter : submersion, asphyxie, décès –

la nuit, c’est parfois plus visible, la nuit, le point de vue peut scintiller –
mais inquiéter (surtout s’il se déplace en canard)–
un point de vue menaçant 29092011364est un point de vue qui déborde l’adoption –
ce point de vue n’est pas le tien –
tu le congédies, tu te détournes, tu fais semblant de ne pas être
l’adoptant –

[menu en ou]

comme il n’est pas possible de cuisiner un ours ou un loup, tu cuisines des moules (surgelées marinières, c’est plus facile, réchauffer six minutes, tu as bien six minutes devant toi ?) et du boulgour, tu cuisines en trois ou :
ou
ou
ou

ensuite tu es si content, si si content, presque aphasique

c’est tout (bien que le tout se cuisine difficilement)

dénerver le foie [note méthodologique]

qu’est-ce tu fous, hein ? qu’est-ce tu fous ? mais hein, qu’est-ce tu fous ?
que, il manque que à ton truc
quel truc ?
la question : il y manque : que
ça dépend, tu m’embrouilles, je reprends : qu’est-ce tu fous ?
c’est ce que je te dis, il manque : que
quoi : que ? quoi quoi quoi : que ?
qu’est-ce QUE tu fous –
et alors ? tu réponds quoi, à la question avec ou sans que, tu réponds quoi ? quoi quoi quoi ?
rien, je fous : rien

il faut réfléchir à la méthodologie de la situation, on doit pouvoir appréhender la complexité avec quelques outils bien sentis, bien conçus, tu vois –
non
tu vois pas ? merde – il faut un addendum, on ne peut pas se contenter des miettes, on n’est pas des oiseaux
non ?
non
ni des chiens
non ?
non
tu vas pas nous faire toute la ménagerie en guise de confrérie agissante , la confrérie a décidé de dénerver le foie
euh –
on vire les concepts surnuméraires, on requalifie les espaces, on remodèle les ambiances, on maquille les preuves
on fait quoi des corps ?
on les fait bouillir à 90°, régime start-up avec appli cui-cui
on démantèle ?
on démantèle

dénerver le foie suppose quelques subtilités, une approche particulière, ça ne saurait se faire comme ça, ça ne saurait ::
il faut un modus operandi opérationnel
un plan de bataille
une courroie de transmission
des transmetteurs agiles –
vous êtes combien sur le coup ?
tous – on est tous énervés à dénerver le foie –
impossible, il faut sélectionner des acteurs et des dormants
des dominants et des dominés
c’est nécessaire
la nécessité fait foi

c’est payant ? payé ? combien ?
pas assez, jamais assez, jamais assez de paiement
ni assez payé ni assez payant, ça ne sera jamais
dénerver le foie est un privilège, et comme tous les privilèges il est : rare
plus que payant ?
plus que payé aussi :: pas d’argent en jeu

avec toi on ne sait jamais, on ne sait jamais rien
t’as retrouvé ton QUE ?
oui : je fous : rien
la confrérie s’énerve, tu le sais ? elle s’impatiente la confrérie
oui je sais, je m’en fous
tu ne connais pas les mots
non, je ne connais rien, ni les mots ni les mots ni les mots
exorbitant ! tu fais comment ?!

(plus tard)
l’action a commencé : dénerver le foie est en route, les filaments ôtés
c’est le moment du tri après découpage, on ne garde que le meilleur
un cervidé passe, avale une éponge mouillée, s’énerve, empale un écureuil avec ses bois, bref, rien ne se passe comme prévu
il faut recommencer, la confrérie se consulte
la confrérie prend beaucoup de temps aux consultations

il est des causes difficiles bien que tangibles : dénerver le foie en est une