il était une fois le regard obnubilé,
vers 1986 ou peut-être 1987
la barre d’état durait plusieurs heures
souvent une nuit, une nuit où elle avançait
une nuit à fumer des cigarettes
et à contempler l’écran, lui,
le mieux était de ne pas dormir
mais le mieux, le mieux :
était surtout de ne pas dormir
de ne pas quitter cette page
avant la fin de l’opération
et, au fil des mois, des années
de constater, émerveillé, à quel point
la barre d’état allait de plus en plus vite
de constater, émerveillé, à quel point
tout allait plus vite, tellement plus vite,
à quel point c’était merveilleux
de regarder la barre d’état filer vers le néant,
de plus en plus vite
et de rester, de ne pas dormir,
de ne plus jamais dormir,
de rester à fumer des cigarettes
le regard obnubilé par l’écran
la barre d’état ayant filé dans le néant
depuis longtemps, elle.