comme lire est évidemment lié à relire
les circonstances se sont plouf
relire et adapter aux circonstances : ploufrelire comme retrouver
laisser le temps faire
le paysage, aujourd’hui lointain,
se confine dans un jardinlaisser le temps faire
relire un seul livre, un seul,
y repérer les coquilles
les pieds en l’air au soleilun avion fait le bruit d’un avion
un petit avion de complaisance
un petit plaisir de vol
comme le cataclop du cheval
remonte la grand’ruemais rien n’a existé
l’enfance est loin
elle fut racontée
semant quelques souvenirs
de langue verte et bleue
de soleil et de ventcomme une fourmi passante
préoccupée de la suite
sans raison, rapide.
regarder l’horizon [prescription]
l’horizon modifié
l’horizon courbe
l’horizon traître
le statut de l’image : elle explique
l’image qui reste, qu’elle laisse reposer
l’image se repose dans l’horizon de ses yeux
il faut savoir ce qu’il faut comprendre : souvent rien
deux horizons n’existent pas
il n’y en a qu’un
et pourtant il n’est pas un : il est l’horizon
regarder l’horizon : prescription
pour le repos de ses yeux
l’image qu’elle a fabriquée de l’horizon
stagne dans des dimensions restreintes
l’horizon n’attend rien :
l’horizon et le familier
(mais pour ne pas statuer, pour ne pas dire :
le proche et le lointain, pour ne pas s’asseoir
—> rester debout dans la parenthèse)
familièrement l’horizon ! à lui faire des nattes
pour le rapprocher, le tenir, le coiffer
dans l’indolence se tenir assis, & le coiffer
l’image reste dans le repos de ses yeux à l’horizon, séparé d’elle
situations, monuments & personnages
pas la facilité des camarades,
universelle petite fille,
pas la facilité des jours
à propos de la mort, conversation
très douce, microfibre & même mieux
pour poussière accumulée +++
situation 3 : fleurs organisées,
par couleurs nuancées, sur fond de
blonde architecture en vache gardienne
situation stable, scène de crime figée,
amples mouvements tectoniques,
rien ne se voit ou tout catastrophe
rouge & ses dégradés, fleurs, crimes
violon répétitif, minimaliste, voix
explosions en sourdine, choeurs
pas la facilité des jours : rejet
gestes manqués, jurons, dérobade
pas la facilité des camarades
………………………………………………………
bref état des jours : instant t
avec leurs (petits) ramiers perchés
et le glouglou des sources (innées)
ingestion des ordonnances
piqué des ordonnés
sauvegarde système.

mise en abyme [de vieux]
se tiennent tous trois dans la lumière grise reflétée par l’eau
– de l’autre côté de la rive, une récente élue,
attroupement, caméras, discours –
leurs regards reviennent à leurs livres
elle raconte le contexte de sa trouvaille
– un livre inconnu soudain lui fait signe
dans un rayon de sa bibliothèque –
le plus vieux des deux hommes enchaîne
il y avait un Balzac mais j’en ai déjà quinze !
alors j’ai pris Aurélien, c’est son prénom
ajoute-t-il en se tournant vers l’autre en souriant,
jamais lu, souligne-t-elle
tandis qu’il manipule le volume, sa tranche orange
à l’épaisseur briochée de gros poche
on ne lit plus d’aussi gros, si ?
on n’y arrive plus, on est émietté, dispersé
on regarde dix trucs en même temps !
on a eu le temps, oh, trop de temps,
trop de temps devant les écrans, confinés
quoique, dit le plus jeune : des films, le replay,
ah le replay ! reprend le plus vieux,
et des concerts ! s’émerveille-t-elle
je préfère en chair, dit le plus vieux, sentencieux,
comme là le fait de se rencontrer sans se connaître…
mais le public ! vieux ! tous ces vieux, au théâtre aussi,
je ne peux pas les supporter ! se désespère-t-elle
c’est une mise en abyme, sourit finement le plus vieux.
perles d’ignorance
seule en suspens me saisit
la première note de piano
l’odeur de l’andouille de campagne
me saisit à l’ouverture du frigo
je vois les cerises dans le grès
la laitance de béton dure tant d’années
lorsque je pose un pied sur ce sol
et que la question me saisit
:: protectorat de la langue ::
moi aussi j’attends qu’elle me livre son texte ;
elle doit me présenter :

• protectorat de la langue
il y est question de poids des mots, de mots recherchés
(elle explique de manière fastidieuse qu’il ne s’agit pas
de la recherche des mots, qu’elle n’a pas de problème
avec une quelconque recherche de mots,
il y en a suffisamment à disposition, non, il s’agit d’autre chose)
et
• longer un mur (ce point me paraît plus obscur)
elle longe le bord de mer, mais aussi une bibliothèque ;
un mur, c’est moins sûr, mais elle tient
à cette action de longer (quelque chose de solide,
de plus solide que la mer ou qu’une bibliothèque ?)
………………
le protectorat de la langue prend appui sur ce que pèseraient des mots non pesants : des mots avec poids mais pas lourds qui seraient recherchés sans avoir à les rechercher d’un côté, le mur : mais il n’y a qu’un côté, il n’y a pas de balancement dialectique elle n’est pas entre deux formes, entre deux objets elle n’est pas en retard à proprement parler si elle est en avance, elle doit reculer le film est passé à l’envers : on la voit reculer le long de la bibliothèque, de la mer, du mur sa sihouette s’estompe sans qu’on sache si elle est au loin : les couleurs et les formes pèsent autrement qu’en une aquarelle (en mots)
………………
elle a attendu douze jours puis m’a livré son texte,
il n’est jamais revenu.