Catégorie : mot à mot
[le mot, sa vie, son oeuvre, ses réseaux, ses plaisirs plus ou moins avouables, ses humeurs, son infini]
vaudeville et scories plates du présent
à propos du présent : ni répétition, ni surprise
le présent est un présent, il y a des champs traversés
et c’est le présent, c’est au présent
ce n’est ni la première fois ni d’autres fois
il n’y a aucune surprise, aucune répétition
aucune interdiction à l’il y a : les champs s’étendent
sans circonstance aucune, le ciel les couvre
de variations déjà périmées
au présent, dans ce présent, là, traversé
en mouvement traversé d’immobile, l’il y a
s’abstient de répéter, s’abstient de surprendre,
n’effracte pas la pensée : le présent se love
& adoube en grands claquements
les minutes de procès infinis
ce présent non pas autre ni même
capture les aiguisements de contenus,
les arase et les restitue
pourtant en une singulière mixture
l’il y a jadis interdit se vautre où l’énamouré
absorbé disparaît dans sa vacuité
(par enchantement, etc.)
(à perte de vue, etc.)
(le saisissement, le ravissement, etc.)
(jusqu’à plus soif, etc.)
le moment où c’est plat
plat non visible non audible : plat à peine représenté,
oeufs même pas, ni pluriel : plat
plat et trop, un et deux, régime de biais, dégoiser
c’est donc plat ! ça l’est et pas qu’un peu
la vie plate plate plate là-bas : ici, non ?
ici l’est plate : plate colorée de gris perle
le moment plat : coquille sans rebondissement
minceur disparate soulignée d’achromie
échappée des statuts : plat comme platitude
simili-plat, geste : résorption de l’espace dans le temps
si défini qu’il soit, le moment plat : augmenté dès que dit
disparaît dans sa platitude : il passe
désordonné et autres mots plausibles (php* bis)
* petits hurlements de poésie
désordonné,
considérant ce mot tête penchée peau blanchie
sans en quérir le sens, l’assis, avec la fatigue des jours ensuivis
désordonné passé par ici repasserait par là
blanc de ce blanc de craie à l’arête du temps, à sa section sèche
si difficile, si brillant de ce blanc aux surfaces obscures
rire souvent,
très rapidement préoccupé, ses jambes emmitouflées,
perdant la tête : un ténor monte et descend avec emphase
sont-ce petits reculs profonds tels sauts minuscules ?
désordonné,
une nouvelle fois atteintes les rives du mot,
fugitivement défaites,
y revenir les heures d’après quand le temps aura repris sa course
l’entendre souvent, tout ce qui se dit s’épanouit désordonné,
déconnecté de ses ordonnées, décoordonné,
fuite à dire,
désordonné l’autre espace pas complété
rapprochement de deux matins
un matin sans phrases Paris, octobre 2017
y faire attention, écouter, percevoir :
aucune phrase, aucun silence non plus
prendre la mesure de l’entour, des emmanchures du langage
la qualité des phrases venues, certains matins,
fait éprouver
un matin sans phrases
(un matin sans titre) Grenoble, janvier 1973
aurore brumeuse
cachant sous son manteau
le réveil douloureux
de la ville qui s’étire
matin méprisant
jetant sur les taudis
sa lumière incertaine
têtes ébouriffées
cherchant vainement
d’un oeil fou
l’asile inaccessible
grilles tristes laissant couler
un flot hâve
d’hommes vidés
voilà c’était un matin d’automne.
la couleur réglisse des mots
[19 juillet 2014]
j’ai les trois premiers mots, ils sont venus ce matin suite à un rêve compliqué, je les mâchonne déjà un certain temps pour être sûre qu’ils ne se font pas la malle, puis je sombre dans une tristesse sans fond dont par définition j’ignore l’origine et d’ailleurs si j’en connaissais l’origine qu’est-ce que ça changerait, ensuite je les promène, eux et la tristesse, plus l’extrême chaleur, pour tenter de diluer le tout, ça se transforme en mayonnaise informe dans une grande librairie dont je tais le nom puisque de librairie elle n’a plus que l’intitulé, lequel n’est pas identique au nom, je suis dans un cauchemar, tout a disparu, je veux dire, tous les livres, autant dire tout, ne reste que des images très colorées, stupides, des touristes trop grands, des effigies, des gilets pare-balles, du bleu-blanc-rouge,
et alors je veux disparaître dans une tente mais je suis retenue au bord de la disparition par l’idée, toute con, de la popote ; la popote, cet objet qui flirte avec la tente ; par l’idée, toute con, de l’oreiller gonflable ; l’oreiller gonflable, cet objet mou qui flirterait avec mon cou, mais comment ; le mobilier de camping ; ces objets tout cons qui flirtent avec le néant de l’horaire ; et, alors qu’une G réparatrice, entendre ici bière irlandaise très brune, me répare, les trois premiers mots sont toujours là, maintenant très éloignés comme un train très en retard, je les maintiens, les saucissonne, les arraisonne, sans aucune certitude sur leur ordination, et leur demande des comptes : vous, là, les trois premiers mots, oui, vous /