quant à l’onglet politique…

 

il peut y avoir des blancs indépendants de la signification
il peut y avoir des impostures dans le texte
il est possible de passer outre
un avertissement attire toujours l’oeil cependant.

*

je parle franc
je viens de la zone franche

je viens de là où le papier doré se tord et flanche
où les larmes s’éteignent dès que nées, tuées par à-coups
et fourchettes volantes

pépiements d’oiseaux méprisants
roucoulant pour mieux masquer leur dédain

il n’y a jamais d’anthropomorphisme qui tienne
répète l’indifférent, zozotant de profil

le fait de tenir debout est une fable judicieuse
à la portée du premier venu sur la planète

l’ensemble des discours suture les justes distances
& probablement, par retour, signe l’effondrement sans suites

rien, rien ne peut nourrir le comportement récent
de l’hominidé ;
une poule shoote dans son oeuf, c’est un peu la fin

personne n’écoute comme déploiement et conditions
personne n’engage l’énervement des silences

les poussières surgissent de l’enfer ci-devant

cinétique des angles, combien de limites à la chute ?
de triangles négligents ? de coupures tièdes au sang absent ?

éborgnée, la nuit se pare d’envies inachevées
quand leurs pieds, gonflés, rabotent le numerus clausus

… des dérives, il aurait fallu dire, des dérives mortes
et des écartements, il aurait fallu dire, des écartements
la source infinie des défaites.

traverse / donc / fulgurances

 

 

et soudain, dans le fond

noir de l’arrière-plan

cinglent des choses abstraites

 

 

(suite serait vaine

suite fauterait

tout dans la parenthèse)

 

– – – – – X – – – – –

                  porte de chantier, parvis du centre Pompidou, avril 2021

 

 

on laisse forcément tomber une phrase

faux-pli de la vie

encore porter une jupe crayon

pourquoi habiter quelque part ?

on cherche la consistance

l’une dit à l’autre : tu es compacte

pourquoi habiter quelque part ?

il est une heure moins le quart

faux-pli de la vie

qui serait venu sans nom ?

pourquoi habiter quelque part

plutôt que nulle part ?

faux-pli de la vie

elle se penche et découpe

encore porter une jupe crayon

                         Saint Joseph, père nourricier du Christ, Benjamin-Constant, fin XIXe siècle

rebond des silhouettes —–

les seuils imparfaits permettent-ils

que longtemps s’y tiennent les silhouettes ?

finir chérir : que de verbes en -ir usités

 

se roulant dessus les mots rugueux

encore et mal fagotés encore

avec et sans, autour et dedans

 

jet d’osselets cris victorieux

élusion subreptice des autres légumes

(pas de saison pas de quartier)

 

toute question de choisir

devant soustraire à l’esprit aiguisé

une somme harmonique, un ourlet plombé.

rochers comme des mots ——

l’entassement —— et là-bas brillants

de ces brillances d’escargot, luisent léchés

des rochers, ceux-ci par la mer amassés

 

au bord

 

au seuil exact tenues strictement droites

à la jonction cailloux-bitume

deux silhouettes, petites devant grand mur

 

saluent sourient

 

au bord parapet dessus juché l’immobile

corps lourd attend ——

du désordre l’arrêt net, coupure de la position.

inévitable péripétie ::

On est bien plus nombreux qu’avant.
Je ne me souviens pas qu’on était si nombreux.

On se suit par ordre alphabétique, et la liste est longue ; la liste s’est considérablement allongée.

C’est ce qui arrive lorsqu’il y a de nouvelles naissances : la liste s’allonge.

On s’allonge dans la liste.
On s’allonge nombreux les uns sur les autres.

On est dans une liste longue tous allongés. À force de naître, on est nombreux par ordre alphabétique.

 

 

Je ne me souviens pas qu’on était tant à naître.
Qu’on était tant à avoir un nom.