suidre, verbe absent, advint en même temps
qu’un visage aux traits visibles selon un angle précis
dans cette lettre, suidre se détache, admirable
autant qu’inexistant, comme le visage de cette femme
le texte de la lettre existe moins que le regard porté sur lui
son visage existe moins que le regard porté sur elle
la lettre, destinée à une lectrice particulière
contient des phrases toutes compréhensibles, sauf ce mot
le personnage auquel appartient le visage photographié
légendé par son nom, se trouve dans un magazine
comme un verbe emprunté à Huysmans, suidre
se rapporterait à soi, à son absence, à sa disparition
le seul mot inexistant de la lettre montrerait le chemin à suivre
(un visage de femme effacé que seul un regard pourrait révéler)
[en présence des pages décollées, volantes, annotées, d’un livre vert
à la couverture illustrée par trois énormes dés (photographisme H. Cohen) :
Maurice Blanchot, Le livre à venir, article Joubert et l’espace –
1. Auteur sans livre, écrivain sans écrit –, Gallimard, collection Idées NrF, 1959,
achevé d’imprimer le 28 juin 1971 … il y a exactement cinquante ans ce jour d’hui]