le temps que je meurs je le décide j’ai mouru et renu rené j’ai mouru un peu, je me suis arrêtée au bord de la route c’est déjà trop long je me suis et j’ai mouru il n’y a pas en face de mouru, vivu pourtant j’ai vivu aussi bien
c’était sur ce trottoir, j’ai disparu oui, il y avait bien soudain, cet adverbe inutile il y avait mais dans un autre endroit bref, à l’endroit de j’ai mouru quelques arbres à papillons j’ai senti une branche en me penchant il n’y a pas de puis non plus, ni puis, ni ensuite
j’ai mouru parce que je l’ai voulu mouru quelques instants mouru un peu mouru renu rené ils m’ont demandé : mais la question de la renaissance ? c’est une question ancienne gênante aussi si on lui met une capitale je ne veux penser à rien d’autre qu’à ça au premier geste si vivant, sans retour nécessaire
la branche de l’arbre sentait l’odeur adéquate il fallut encore laisser tomber les personnages, tous aucun personnage ne devait rester tous, même avec des yeux bleus des cheveux roux rien ne devait rester je dois pouvoir mourir un peu et sans autre verbe mais pourtant
j’ai pris des notes sur le projet en buvant une bière au soleil sur une chaise rouge c’était mieux que de l’expliquer et de devoir répondre à des questions sans réponse j’ai repris mes notes sans ensuite ni soudain il y eut un peu de marche en vain et en effet j’ai disparu dans le trajet qui menait au métro puis j’ai pris le métro j’avais mouru en sentant l’odeur d’un buddleia.
Il ne reste presque rien de leur promenade dans Dublin.
L’achèvement de la bipolarité mondiale laissera le monde monde : unique. Un seul monde accouche de la mondialisation du monde. Fin des ennemis. Eux vont faire un enfant l’année prochaine. Ne le savent pas encore. Un peu des ennemis comme ceux qui s’aiment ; s’unir pour procréer un être unique.
Le temps présent : Gabrielle et Luca sur le pont supérieur du ferry, accoudés au bastingage. S’ennuient. Les années 80, vaste désert d’ennui. Avant la déflagration berlinoise qui préfigure l’enfant. Un mur tombera.
l’homme qui s’occupe des fleurs enlève les pétales fanés tout en parlant avec une vieille femme tout en répondant à ses questions la vieille femme pose des questions précises
l’homme qui s’occupe des fleurs a la peau bronzée on n’en saura pas plus bien sûr qu’on en saura plus il répond à la vieille femme très précisément
toutes les questions de la vieille femme sont prises en compte toutes elle réfléchit et dit encore et ces fleurs pourquoi sont-elles en feuilles parce qu’il arrive qu’elles soient dérangées
les fleurs peuvent mettre du temps à arriver elles ne se trouvent pas bien là où elles sont elles réfléchissent alors oui il suffit d’un mètre même pas et tout change et elles fleurissent
la vieille femme semble perplexe elle a vu le teint hâlé les yeux noirs de l’homme qui ôte les pétales fanés un à un de larges pétales roses tout en répondant à ses questions précises
longtemps après elle se souvient du teint de l’homme et de ses yeux noirs plus que de ses réponses elle l’a regardé comme elle regardait les hommes il y a si longtemps quand ils réfléchissaient
qu’elle ne s’intéressait ni aux fleurs ni aux oiseaux mais seulement à la force des hommes à leur musculature à leur odeur à leurs bras peu importait ce qu’ils prenaient dans leurs bras pourvu que ce fût elle.
*
j’ai ensuite demandé à ChatGPT : – tu peux écrire un texte poétique sur « l’homme qui s’occupe des fleurs »(titre initial de mon texte) ? voici sa réponse : un poème, également composé de sept strophes, bizarrement, mais en quatrains (vs ma composition en quintils libres)
Dans un jardin secret, là où les douces brises murmurent,
Un homme bienveillant s’occupe des fleurs avec ferveur.
Tel un artiste, il danse parmi les parterres colorés,
Son amour pour la nature en chaque geste sublimé.
Tel un orchestre invisible, ses doigts habiles jouent,
Une symphonie florale dont les pétales s’épousent.
Il comprend les secrets de chaque plante et de chaque graine,
Les caressant avec délicatesse, sans peine.
Il connaît les cycles de la vie, les saisons qui s’enchaînent,
Des bourgeons fragiles aux fleurs qui se déchaînent.
Avec tendresse, il leur offre l’eau et la lumière,
Veillant sur leur épanouissement, leur destinée éphémère.
Il est l’âme qui donne vie à ce jardin enchanté,
Ses mains, telles des baguettes, sont habitées d’une magie.
Chaque bourgeon qui s’éveille est une note de bonheur,
Éveillant les sens, éblouissant les cœurs.
L’homme qui s’occupe des fleurs, gardien de cet éden,
N’est-il pas un poète, un jardinier de l’infini ?
Dans chaque pétale, il contemple la beauté du monde,
Et son amour pour la nature ne fait que grandir en onde.
Ainsi, cet homme, humble messager de la terre,
Donne voix à l’expression d’un amour solidaire.
Dans son jardin secret, il révèle une vérité précieuse,
Que l’harmonie avec la nature est un trésor merveilleux.
Alors, saluons cet homme, ce gardien des fleurs,
Qui, par sa passion, embellit notre existence en couleurs.
Son amour pour la nature, un cadeau à préserver,
Pour que ce jardin de la vie continue à prospérer.
cette : perdition ce : tournoiement de mots impuissants dans les : pensées tournantes volantes : qui circulent et tournoient de gauche : à droite sans jamais : se poser
l’homme papa : dans un couloir errant dans ce couloir : chambres avec numéros sa chambre : perdue le numéro : perdu juif errant : homme pleurant papa perdu : volutes de pensées instables
le couloir : sépare et conjoint les chambres : paires et impaires l’homme papa : dans la chambre paire pas la sienne : pas à soi ne retrouve plus : l’impaire sa chambre : monde disparu
monde dans lequel : comment être ?
II – la femme maman
dans le couloir : tenter de remarcher lentement : un pas après l’autre s’appuyer : sur le mur se hisser : hors du fauteuil roulant sans le bras gauche : mort avec la canne : quadripode
la femme maman : hémiplégique dans le souci de : l’homme papa de l’autre côté : du couloir elle dans sa chambre paire : lui venant sans cesse revenant : dans sa chambre sans cesse : cherchant quelque chose
le couloir : leur vie l’homme papa : chercher la femme maman : marcher c’est pas une vie : le couloir c’est pas une vie : les chambres à numéros c’est pas une vie : leur vie
monde dans lequel : désêtre ?
[& même s’il y a un jardin, des visites, des amis, des enfants, des couleurs, du soleil…]