ne manque rien

 

 

 

le silence

Pessoa (re)

face au vide plein

théorie du gâchis, de l’en-dessous

& peu d’atermoiements

à se dire quelque chose

si tant est que

 

assise sur le bord de son lit
l’actrice se remémore les scènes
sur lesquelles elle parut il y a si longtemps
– dans sa bibliothèque un rayon Mélancolie

 

du bout de son pied nu elle déplace
quelques grains de poussière
s’émeut d’un rayon transperçant le gris
et d’un gros oiseau parcourant le pré

 

il y a toujours une fenêtre
depuis laquelle observer
la fusion de l’air et de l’esprit.

à sortir de l’herbe et de ses courants

le vide est arrivé, vite arrivé il était déjà là
retrouvé sans faillir, et ses frivoles insectes
au bruit dont les sens repèrent l’ineffable
répétition à croire l’été, du vide séparés
sans aucun jamais, sans aucune obscurité

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alors que dans les courants d’herbe
bruissent cinglantes des cigales soucieuses,
l’ineffable vide répété, ce vide soucieux
pleutrement réparé organise l’idée
que les corps épuisés épousent l’été (…)

Rue, un texte

[avec Objet de rue, et Au bout de la rue, deux photos]

objet de rue

un texte qui dirait la rue comme M. l’aime
c’est à dire comme elle l’arpente depuis des années
à la recherche d’indices,
comme il est impossible qu’elle se la dise,

la rue ne fait que s’arpenter, ne montre presque rien
au bout de la rue, presque rien

au bout de la rue

cette question du regard est centrale, et pourtant
M. ne veut pas la voir, elle refuse de voir la question,
elle refuse d’accorder de l’importance aux photos
elle veut dire la rue, seulement, elle ne veut rien voir

il n’y a que deux photos, il ne reste plus que deux photos
et la rue s’est vidée : dans ce vide, M. passe