< renseignements pris… >

 

 

chercher des renseignements
(sur la poésie par exemple)
faire au fur à mesure avec les idées
& retomber sur ses pieds.

continuer à lire des revues
auxquelles on ne comprend rien
des noms propres de poètes supposés
très jeunes très fats parce que très jeunes

se demander soudain le prix du papier
le prix de l’électricité le prix du fuel
le prix de l’amour on a oublié
le prix du sexe a disparu, le prix de la guerre, non

les vieux poètes c’est pas mieux
se chipotent en vieux couples
tirent tous les mots à eux
comme une couverture insuffisante

invariablement la page se tourne
les livres bégaient
il resterait des idées
pour retomber sur ses pieds.

perforation autre que le trou

 

sous-titre :
fantaisie pour un trou

 

le tore est un trou, disait-il, ce scientifique, pour minimiser Lacan
= comment le mépris agit, du scientifique envers le psychanalyste,
et en même temps comment le surréalisme les a unis dans cette période
(années 30 grosso modo, et ensuite jusqu’à 50)

le mépris, une belle figure qui tient les humains ensemble,
les uns par rapport aux autres,
le mépris du scientifique (la réalité existe, je l’observe)
par rapport au trou du réel (n’existe pas, je l’invente)

les livres sont aussi des trous
il y a un gardien des livres, qui les nettoie,
les lave avec un savon spécial, les classe, les range,

dans la pièce, le gardien des livres considère les livres à classer,
à remettre dans un ordre, choisir un ordre,
alphabétique, par domaine, arts, musique, romans, etc.
c’est moche, sachant qu’aucun ordre n’est le bon

prenons une machine à coudre
prenons une mitraillette
prenons une perforeuse
et perforons des trou-trous !

on comprend rien à ce que vous dites, Madame !
ça tombe bien, moi non plus.

                                                                                                     tombe ancienne à l’abandon

 

 

trois nuages bleus

 

 

l’aspect finances occupe le terrain
des économies en veux-tu en voilà
la dépense française en falbalas
armement à la lettre près
la défense française coûte un bras

& l’honneur…………………………………………………………

sirènes effrontées montent au firmament
bourrées jusqu’à la gueule
d’armes rutilantes en forme d’ogives
suivies par les regards militaires
jamais tant la responsabilité

ne fut

mise en cause

éclairés et calmes
trois nuages bleus paressent
au réveil lascif
comme ils paraissent
et disparaissent pendant l’attaque

peu

importe

les

différences

l’aspect finances occupe le terrain
les affaires se font malgré et avec
les circonstances
jamais aucune stance
ne servira à les taire.

 

[n’en rien déduire
par la brèche infiltré
le poème maigre
tel un poisson
ne veut rien dire]

la boîte à livres et ce qui s’ensuit /

 

 

 

plus placard que boîte, haute et bleue
à deux battants vitrés
à livres : livres rangés, livres couchés,
la boîte à livres et ce qui s’ensuit
un moteur tourne c’est une moto grise
un moteur tourne c’est une voiture bleue
deux hommes se parlent puis démarrent

une main sur la poignée
couverture blanche écriture bleue
des éditions du coeur de la nuit
l’écrivain vivant d’un livre reconnu
appelle l’antan d’une France capitale
titre, auteur, éditions comme une finition
la boîte à livres et ce qui s’ensuit

boîte à déchets de ce qui ne s’écrit pas,
restes sous couvertures criardes
non pas livres, mais lovres, luvres, louvres
aux pages, piges, puges jamais tournées
plus placard que boîte, haute et bleue
au milieu du village de l’écrivain national
ses vitrines passées au blanc de Meudon

et ce qui s’ensuit après que ses battants
furent refermés, la boîte à livres /

marketing extrême & ode à la dorade

 

 

 

Il y a une forme.
Il y a des coïncidences.
Il y a du sens.

Et c’est un bien-être. Un bien-être au jasmin. Oui.
Vous êtes dans un jardin et vous respirez. Respirez bien.
Il n’y a pas de conséquences à respirer ce jasmin.

C’est très simple à comprendre : un petit groupe discute, d’accord avec lui-même.
À la lisière du petit groupe, un ou deux individus ne trouvent pas leur place.
Ils s’ennuient. Ils vont faire un tour.

Après les moments intenses, il y a des moments plats.
Au début, c’est inacceptable.
Puis ce n’est ni acceptable, ni inacceptable.

Intermède : un jour, la mer. Ça ne se décide pas.
C’est un aller-retour. La mer ennuie aussi.
Il y a des sens interdits près de la mer.

Quelque chose d’un visage n’existe plus.
Tous les visages disparaissent.
Éviter l’excès dans la description si possible.

Il y eut quelqu’un. Son visage existe toujours.
Cependant son être disparaît.
Combien de zigzags faut-il emprunter pour arriver ?

Il y a une forme.
Il y a des coïncidences.
Il y a du sens. Jusqu’au moment où plus.

 

 

 

Donatienne à l’heure de la sortie 

 

les années 80, tout est riche, les années 70 tout était pauvre,
Donatienne veut faire de l’argent, c’est une décision,
être pauvre n’a aucun intérêt
  Bataille, la dépense, le potlatch, l’argent –

le camion arrive dans la cour du Centre d’études,

un type pas mal en sort, 

J. arrive dans la cour avec quelques dossiers sous le bras, flanquée d’une assistante, elle s’en va, elle a fait sa journée, elle repart

…mais elle monte à cette longue tige jaune robuste, engin de levage apposé contre un mur, installé par le type, pour dévisser des boulons, avec cette autre femme, hiérarchiquement moins importante qu’elle

l’engin est sale, visqueux, les boulons enduits de pétrole, 

Donatienne dans la cour pense que J. va se salir, 

J. veut essayer le travail manuel, après tout pourquoi pas, a-t-elle coutume de dire

(J. a une écriture tellement grande qu’elle dépense des quantités de feuilles de papier pour très peu écrire, et rature à souhait)

T. arrive, échevelé, en veste claire, dans les tons gris, il a oublié un synthé alors qu’il partent en concert, comme d’habitude, il oublie toujours quelque chose, un comparse l’accompagne, un autre musicien

un autre type assis profite de la lumière de 17h pour photographier son amie, c’est une Chinoise, la lumière d’un support spécifique posé sur la table, bleu profond, se reflètera sur son visage

Donatienne reste là, jusqu’à quand, rien ne l’indique

le type arrivé en camion avec l’engin de levage est assez beau

J. demande en partant, elle crie à Donatienne : tu viens ? 

Donatienne ne viendra pas, elle reste là, sans but précis, peut-être repartir en camion avec le type assez beau ?

J. est morte mais aucune importance, elle grimpe à la tige, grue mobile, engin de levage, toujours cramponnée à ses dossiers, pour dévisser des boulons visqueux enduits de pétrole…