quelque chose de chaud

[11 novembre 2013]

rousse, cheveux épars sur les épaules, elle me demande quelque chose,
je ne regarde pas, je ne regarde jamais les tons plaintifs,
s’il vous plaît madame, je suis inflexible, je dis non, je ne dis rien, je passe, vite, je pousse la porte de la boulangerie, la jeune boulangère me donne ma tradi chaude, je lui souhaite bonne journée, je ressors,
la jeune rousse cheveux épars, je rencontre ses yeux, clairs, peut-être bleus, un peu noyés, je m’arrête, que voulez-vous, voulez-vous quelque chose à manger,
elle touche son ventre et me répond dans un souffle, quelque chose de chaud, n’importe,
quoi par exemple, quoi, elle me dit un,
quoi, un quoi, elle dit un chocolat chaud,
vous voulez un chocolat chaud, oui, quelque chose de chaud,
et autre chose, non, vous êtes sûre, vous ne voulez pas autre chose, non,
je rerentre dans la boulangerie, demande un chocolat chaud, m’assure qu’elle pourra venir le consommer ou l’emporter, ressors et lui dis, vous pouvez aller chercher votre chocolat chaud, la jeune fille est au courant, elle va vous le donner, il est payé,
je repars avec ma tradi chaude en en croquant le bout, ce que j’adore faire, immédiatement

Rachel Whiteread, Modern Chess Set, 2005, Matériaux divers  (exposition Women House, Monnaie de Paris, du 20/10/17 au 28/1/18)

respirer ≡ une pivoine imaginaire ≡≡≡

(…)
Elles avaient rencontré un type blond, à l'allure de vieux bébé, très très déprimé, dont la petite amie venait de disparaître mystérieusement par la fenêtre, enfin, c'est ce qu'Orlove avait expliqué à Roberta, de ce qu'elle en avait compris. Il semblait riche extérieurement : costume de très bonne coupe et chaussures extrêmement reflétantes, d'une couleur entre le bordeaux et le taupe.
Dans le restaurant où elles avaient été acceptées pour ne prendre qu'un flacon de saké, le blond avait fini par payer les repas de tout le monde. Il voulait rester seul avec les deux femmes, et congédier le monde élégamment. Il s'exprimait à la fois dignement et avec vigueur, notamment pour mimer la jeune femme qui lui avait fait faux-bond ce soir.
On ne comprenait pas tout, naturellement, notamment l'étage duquel elle avait sauté, et avait-elle sauté, cela restait relativement énigmatique. Mais le Hollandais (car c'en était un) s'épanchait de plus en plus, quelques larmes avaient surgi de ses yeux, on finissait par le croire. Et le plaindre.
Roberta voulait surtout savoir le pedigree de la fille, et depuis combien de temps ils étaient ensemble, et si c'était prévisible, si une telle chose, un tel abandon était prévisible. Elle lançait de temps à autre un regard vers Orlove pour vérifier ce qu'elle devait croire et ne pas croire. Orlove restait débonnaire avec le type, menant une conversation essentiellement gestuelle et mimiquelle, continuant à semi-traduire, au passage. La cause des choses (causa rerum) importait à Roberta.
La soirée s'avançant, le Hollandais à l'allure de vieux bébé de plus en plus ivre, mais toujours parfaitement maître de lui, proposa aux deux femmes d'aller dans une boîte de nuit finir de noyer son chagrin. Il n'avait pas retrouvé sa bonne humeur, du tout, mais il était évident qu'il n'allait pas se suicider ce soir, sur ce point Orlove rassura Roberta.
Dans la boîte où ils allèrent tous, des magnums de champagne sortirent des frigos, et deux personnages jouant au go consentirent à accueillir les quatre nouveaux : le Hollandais, plus un abruti racolé parce que conducteur d'une berline bichonnée, et les deux femmes. Quelques couples tentaient de se rallumer dans les coins sombres. Le rouge des velours, auréolé à la fois par la crasse et les éclairages, accueillait tous leurs culs fatigués. 
Orlove se leva pour danser ; l'abruti vint s'y coller. Roberta se faisait entreprendre par le Hollandais tellement saoul qu'il commençait à dessaouler. Beaucoup plus requinqué que suicidaire, remarquait Roberta, tandis que ses mains ne savaient pas quoi faire d'elle-même. 
(…)

sans titre de Maud M.

Installée dans un petit hôtel face à la mer, Maud M. a disposé ses affaires dans le petit placard au papier peint défraîchi avant de prendre une douche et de se poster à la fenêtre qui laisse passer un filet d'air froid. Un bruit de fond ainsi qu'une odeur de varech suffisent à évoquer la mer, sur laquelle la nuit repose déjà, comme une vieille amie un peu encombrante.
Au Tréport comme à Honfleur, à Cancale ou à Roscoff, Maud M. a cessé de se regarder nue dans les armoires à glace des vieilles chambres qui sentent la pomme normande. Elle enfile, sans aucune conscience de ses membres, peau, chairs, ses vêtements les uns derrière les autres, de sorte qu'ils la réchauffent. 

Maud M. se repose sur un des bancs de pierre longeant la mer, disposés à équidistance sur une sorte de large corridor pavé de dalles de béton saumonées. Devant elle, la mer la reconstitue, elle la prend, s'enroule en elle comme dans une couverture de survie.
Elle débarque son surplus de paroles aux cormorans, tenez. Il fait gris, c'est la toile de fond sur lequel elle peut se découper sans gêner personne, replier ses jambes contre elle se disant qu'elle a froid, se disant que c'est trop mais n'en pouvant pas moins.

Son regard se remet dans l'axe de la mer, et peu à peu son esprit se calme, elle arrive à isoler le bruit du ressac des autres bruits, humains et issus de l'activité humaine. Et des mouettes aux cris impérieux. Voir la mer quelques instants et revenir. Une fois devant, Maud M. est rituellement déçue. La mer ne dit rien de plus que ce qu'elle est. La mer ne dit rien, elle est. Et être devant ne s'apprécie que d'une présence ténue, ou fugitive, un peu comme une guimauve : beaucoup de promesses mais peu de consistance.

Des avions, blancs, traversent le ciel, bleu, et ainsi chaque jour, de nombreux avions emmènent de nombreuses personnes loin, dont le regard de Maud M. suit distraitement la trajectoire. Elle se tait. 
Elle attend ce qu'elle ne sait pas. Sur son banc, figée. Ce que la mer lui renvoie, un mur ou un miroir, un mur et un miroir, l'attend encore. La mer : miroir ou mur. Réfléchit, miroir. Regarde la mer : mur.

Malgré les galets sur lesquels elle se tord les pieds, Maud M. s'est décidée à marcher le long de la plage. Des cueilleurs de coquillages en couleurs vives officient. C'est marée basse.
Marcher, c'est encore quelque chose qu'elle murmure, elle accompagne marcher de parler, sa parole sort avec le bruit du ressac. Il fait froid, elle s'enhardit, elle grogne, elle profère des morceaux de mots, des bouts, que l'air plein d'iode gifle, elle ne sait pas si c'est de l'iode, l'iode est ce qu'elle a lu, elle respire ce qu'elle a lu, des pages et des pages de bouts de mots.

Oui, redit-elle dans un sursaut, et elle shoote dans une coque d'oursin on dirait. Maud M. ne perd pas la raison, la raison n'existe plus, elle s'en débarrasse comme de la chair orangée de l'oursin, elle la crache, la raison. 
L'idée qu'elle a du bleu de l'azur est un bleu de littérature, comme les travailleurs avaient des bleus de chauffe. Elle se déplace au jugé, rien n'est resté, elle nage dans les mots, une mer de mots. Et parfois, aucun d'eux ne saille comme une queue de requin, aucun. 

                                   *

Beaucoup plus tard, Maud M. recevra un SMS mystérieux : Mettez un costume rouge, vous êtes plus que nu, vous êtes un objet pur, sans intériorité *. Elle ne répond pas, ça n'appelle pas de réponse. Une pensée démodée, parfois un peu surprenante, comme cette phrase  ; et vraie. 

L'anse devant laquelle elle s'est arrêtée, en suivant la côte, sur l'un de ces petits parkings qui indiquent le point de vue avec un œil aguicheur étoilé de noirs traits gras, profile une orbite abrupte et brune en haut de laquelle elle a laissé traîner sa pensée bien au-delà de ce qu'elle eût voulu.

* Baudrillard, J. (1968) : Le système des objets,  Paris : Gallimard (collection Tel).

canal vieux réserviste

Au bord du canal ils se prélassent, pêchent, se retournent au moindre bruit qui pourrait gêner le poisson. Chuts courroucés. Deux petits Noirs tout petits, des enfants très jeunes, jouent sur le milieu de l’écluse dans l’escalier de fer qui mène à la guérite de surveillance. Le pont tournant va laisser passer un bateau d’où un étranger ne comprend rien aux commentaires de la guide. Même s’il le voulait, même avec la meilleure volonté du monde, il ne comprendrait pas : la guide parle avec l’accent guide, sections de phrases mal coupées, français fatigué, chute intonative et relève en scoubidou.

Deux femmes passent à vélo ; derrière elles, de petits feux exhalent des matières enfumées non alimentaires, puantes. Ça vient chatouiller ses narines, l’étranger tourne vaguement la tête ; les petits Noirs rigolent et se poursuivent dans les marches en faisant des bruits métalliques avec leurs pieds. Le bateau attend que le pont tournant tourne. C’est un jour sans activité particulière, le temps est lent, les tours se penchent sur leur passé comme des coquelicots de bords de nationale d’avant.

Les deux femmes se sont arrêtées. Un vieux couple s’est également  arrêté devant le pont tournant en voie de tourner. Le mari de la dame échange quelques mots avec l’une des deux femmes, l’autre s’étant un peu avancée, d’ailleurs inutilement puisqu’elle doit maintenant attendre la fin de la conversation engagée avec le monsieur du couple et ça prend du temps, il n’entend pas bien, tandis que sa femme arrive à tout petits pas et elle aussi elle voudrait bien savoir. 
Il est question du pont, s’il va se soulever ou tourner pour laisser passer le bateau sur lequel l’étranger finira par être vraiment incommodé par l’odeur des petits feux là-bas.

Au fond, les tours, et de ce côté-ci, la vieille à très petits pas, modèle de vieille haricot sec imper beige-gris, sac années 60, un peu dure de la feuille, l’étranger sur le si lent bateau, les pêcheurs figés ; de l’autre côté de la rive, des grues et des stocks de ciment, des machines monumentales.

– – – – –

Un vieux flic réserviste lui avait fait découvrir ce chemin, pratiquement en même temps qu’elle le découvrait au détour d’une phrase dans “La Clôture”, de Jean Rolin : longeant le mur en brique de ce bâtiment de la préfecture qui a de faux airs d’abattoir.
Devant elle, au bâtiment de brique rouge, se superposaient les évocations du vieux flic, les filles et les bagarres au couteau sur le Boulevard Mac Donald, trente-quatre ans à faire son jogging le long du canal, jusqu’à Saint Denis…

Paris avait eu peur des jeunes des banlieues, et rappelé ses vieux flics à la retraite, en douce, sans rien dire. Les retraités étaient sortis de leur pêche à la ligne pour reprendre du service tellement ça chauffait.
On est deux pour garder le bâtiment, c’est la guerre, avait encore soupiré le vieux réserviste.

                                            (dans l’année 2006)

avec sa tête, alors

Un jour, à la piscine de S***, réputée vers la fin des années 60 pour la capacité d’accueil de sa pelouse, la petite Marthe-Irène plonge pour la première fois. Il fait très chaud, c’est à peu près tout ce qu’on peut dire du Midi : il y fait très chaud. Les corps très chauds collants sont monnaie courante dans le Midi : épousailles de mollusques alanguis quand jamais la chaleur ne s’en va. Elle plonge et ressent avec sa tête une étrange sensation : c’est sa tête qui est d’abord mouillée. Mais pas seulement sa tête ; son front, ses cheveux, son crâne, son crâne est mouillé. Or habituellement, elle mouille d’abord ses pieds. Quand elle plonge, elle sent qu’elle fend l’eau, avec un genre d’arme qui n’est autre que sa tête. C’est quand elle a réussi à faire cette fente qu’elle sait qu’elle sait plonger. Elle fait la fente de l’eau, zioup, et c’est réussi, parce qu’elle a arrondi son dos.
Ensuite, lorsqu’elle aura oublié la première fente de l’eau, elle plongera du deuxième, puis du troisième plongeoir. Et là, elle aura vraiment la sensation de fendre l’eau mieux que quiconque, du plus haut que quiconque, elle toute petite fendant l’eau de son crâne. Et son crâne ne s’ouvre même pas. C’est l’eau qui s’ouvre.
Quand elle sait bien plonger, elle vole très haut ; elle n’est plus obligée d’arrondir laborieusement son dos tout de suite, comme ceux qui apprennent du bord. Elle dit bonjour au ciel avec un bref mouvement de tête. Elle prend exemple sur les musculeux nageurs très grands aux pieds grecs, qu’elle suit longtemps du regard, leurs pieds.

Elle veut faire comme eux, exactement pareil. Quand ils abordent l’escalier arrondi qui mène aux plongeoirs supérieurs, ils ont un mouvement de torsion du buste qui part des pieds. Et avec le bras, il empoignent la main-courante peinte en blanc, un peu écaillée à cet endroit de l’empoignade. Ils semblent danser ensuite en gravissant les marches en métal troué. C’est cela qu’elle veut reproduire. Leurs pieds aux veines saillantes semblent vivants par eux-mêmes. S’il n’étaient pas poursuivis par l’élan du corps, ils pourraient complètement vivre par eux-mêmes. Elle observe longtemps ; elle a tout le temps de le faire, et personne ne peut s’en douter. Tout le monde regarde quelque chose à la piscine. C’est un endroit où elle sent qu’elle a la liberté de regarder. Allongée sur sa serviette, appuyée sur ses bras, elle regarde intensément ces pieds-là, et leur attribue des critères de grecquitude. C’est compliqué, il y a plusieurs degrés de la grecquitude. Elle cherche les pieds les plus grecs avec son regard, généralement corrélés avec d’agréables proportions des membres et du buste.
Parfois elle s’endort au soleil. Elle est hébétée lorsqu’elle se réveille, ou qu’on la réveille.
Quand elle plonge, elle fait des séries de plongeons. Elle s’intercale entre d’autres plongeurs, il y a comme un rythme qui s’installe. Puis elle se rallonge, et paresse.
La chaleur du Midi, elle la supporte mieux depuis qu’elle maîtrise l’eau. Sous l’eau, tout va mieux. Le corps glisse ; il fait plus frais. L’eau du bassin est juste chauffée par le soleil. Plus l’amplitude thermique entre le dedans et le dehors est forte, plus elle est discutée : le chiffre est toujours inscrit en gros, à la main, près du bassin. Quand la voiture surchauffée amène Marthe-Irène à la piscine, le temps paraît toujours long avant de découvrir le chiffre : se déshabiller, laisser le portant à la dame, attendre s’il y a du monde, etc. C’est un petit plaisir supplémentaire, cette attente un peu énervée. Marthe-Irène évite toujours de penser à la sortie de la piscine, où tout sera à refaire, le rhabillage, la voiture surchauffée, le trajet. Souvent, elle obtient l’autorisation de ne pas se rhabiller et remonte dans la voiture en slip de bain.

[fragment de l’histoire non écrite de MIG Tiret, alias Marthe-Irène Grec]

architecture old song

(…)
La discussion durait déjà depuis un bout de temps. Et lui de poursuivre :
– Vous savez pourtant qu’une construction doit
1.se porter elle-même ;
2.porter les différentes charges qui lui seront appliquées ;
3.assurer une protection des personnes et des biens qu’elle
abrite vis-à-vis des agressions extérieures de toute nature ;

4.être durable ;
5.ne pas se déformer au-delà de certaines limites…
 
Le petit homme énumérait tranquillement les fonctions basiques assignées à une construction, tandis que nous étions dans ce vieil hôtel qui menaçait de s’effondrer, étayé de grosses poutres métalliques, sans vitres, planté au milieu d’une plaine déserte. Il faisait très chaud et nous passions notre temps à nous éponger le front, chacun de part et d’autre d’une énorme table au matériau non déterminé, jonchée de papiers et d’anciens listings informatiques.
 
Le petit homme aux yeux bleus glacier avait la manie des listes et énumérations. On avait fini par trouver cette pièce au deuxième étage, dont le plancher laissait voir  par endroits le premier. La précarité de notre situation convenait assez bien à l’interrogatoire que j’avais accepté de subir de la part de Pierre S., architecte.
– Le passé est puant, suggéré-je, peu sûr de moi, mais quand même.
– Vous avez dérogé à la quatrième fonction, le durable, poursuit le petit homme tout en agitant nerveusement ses jambes, avec un rictus déformant mélangé à un tressautement agaçant de la paupière gauche.
– J’ose vous signaler que l’architecte, c’est vous, pas moi, non ?!, dis-je, un peu énervé.
– Pour avoir construit un certain nombre de HLM et d’édifices publics hideux – je le reconnais, mais l’esthétique est une fonction accessoire dans le cahier des charges -, je peux vous affirmer qu’ils durent. Salement.
 
Il était content de lui, le petit connard à talonnettes. Je l’avais laissé se méprendre sur l’objet du rendez-vous. Je lui avais fait croire à un rendez-vous de chantier, m’étais présenté comme promoteur, avec pour projet la création d’une maison de retraite dorée pour vieux valides, ensoleillée toute l’année, à la place de l’Hôtel de la Plaine. J’expliquai a minima :
– J’ai laissé pisser le durable parce que tout s’abîme, nécessairement. Il vaut mieux ne plus penser en dur…
– Vous allez me dire ce que vous voulez, oui ou merde ?
– Écoutez, si les vieux viennent ici, c’est qu’ils n’en ont plus pour longtemps. Il faut donc une construction éphémère, souple, légère…
– Et votre investissement, vous y pensez ? m’interrompt-il.
– C’est pas votre problème. J’ai mes raisons. Il suffit de trouver un matériau plausible, qui puisse aussi réfracter la chaleur, pour que les vieux puissent à la fois profiter du soleil et ne pas crever de chaud.
 
Je proposai à Pierre S. un peu de l’eau que j’avais amenée dans une thermos. Il faudrait raser la construction. J’ajoutai que je connaissais quelqu’un pour la clôture et le portail. Il ne fallait pas que les vieux puissent s’échapper. Il faudrait aussi réfléchir au quota hommes-femmes à l’intérieur, pour ne pas que les hommes s’ennuient. (…)

[image : issue d’une video de Silvia Maglioni & Graeme Thomson
What rises from the depths cannot help but break the surface
(fragments d’un film-naufrage), 2011-2017
sur Ode maritime, de F. Pessoa, lu en portugais et sous-titré en anglais]