le temps que je meurs je le décide
j’ai mouru et renu rené
j’ai mouru un peu, je me suis arrêtée au bord de la route
c’est déjà trop long
je me suis
et j’ai mouru
il n’y a pas en face de mouru, vivu
pourtant j’ai vivu aussi bien
c’était sur ce trottoir, j’ai disparu
oui, il y avait bien soudain, cet adverbe inutile
il y avait mais dans un autre endroit
bref, à l’endroit de j’ai mouru
quelques arbres à papillons
j’ai senti une branche en me penchant
il n’y a pas de puis non plus, ni puis, ni ensuite
j’ai mouru parce que je l’ai voulu
mouru quelques instants
mouru un peu
mouru renu rené
ils m’ont demandé : mais la question de la renaissance ?
c’est une question ancienne
gênante aussi si on lui met une capitale
je ne veux penser à rien d’autre qu’à ça
au premier geste si vivant, sans retour nécessaire
la branche de l’arbre sentait l’odeur adéquate
il fallut encore laisser tomber les personnages, tous
aucun personnage ne devait rester
tous, même avec des yeux bleus des cheveux roux
rien ne devait rester
je dois pouvoir mourir un peu et
sans autre verbe mais pourtant
j’ai pris des notes sur le projet
en buvant une bière au soleil sur une chaise rouge
c’était mieux que de l’expliquer
et de devoir répondre à des questions sans réponse
j’ai repris mes notes sans ensuite ni soudain
il y eut un peu de marche en vain
et en effet j’ai disparu dans le trajet
qui menait au métro
puis j’ai pris le métro
j’avais mouru en sentant l’odeur d’un buddleia.