perles d’ignorance

seule en suspens me saisit
la première note de piano

l’odeur de l’andouille de campagne
me saisit à l’ouverture du frigo

je vois les cerises dans le grès
la laitance de béton dure tant d’années

lorsque je pose un pied sur ce sol
et que la question me saisit

 

 

 

 

tiens, je vais arranger les choses

ce devait être facile : tiens, je vais arranger les choses
mais avant existait autre chose que les choses -
d’autres choses se manifestaient

les choses ne sont pas nées d’elles-mêmes
non pas nées comme ça : la chaîne de causalités
une chaîne avec des maillons multiples
tout imbriqués tout serrés les maillons de la chaîne

notamment nés comment, notamment -
ce pour le volet métaphysique : il y a beaucoup de choses
dans l’ordre des choses : que ça n’est pas

que ça n’est jamais ce que c’est
qu’il faudrait capturer l’instant
que même les grammairiens ne s’y risquent pas -

la chaîne des causalités présente : l’état des choses
en amont, en aval et sur les côtés
sans oublier les facteurs aggravants
& les circonstances atténuantes -

tiens, je vais arranger les choses : 
facilité de laquelle me prévaloir, subitement vaine &
que la chaîne de causalités alourdit d’insensé

La BD métaculturelle de David Moser (1979), page ouverte au hasard de
Ma thémagie, Douglas Hofstadter, 1988

snow pillow shadow

le beau est un moment
mais le beau n’est pas intéressant

pas tout le temps le beau
le beau lève le beau soulève le beau élève

le beau c’est si haut que jamais
l’échelle ne l’atteint

le beau remplit le thorax
parce qu’il est respiration amplifiante

creuse dans le noir le beau surgit
craque l’étincelle des courbures suaves

snow pillow shadow
mon esprit est en morceaux

incertitude sur la bêtise (de soi et du monde)

et donc alors, ils se mirent à parler
ils se mirent à parler, beaucoup trop

quelque chose tombe, sans arrêt

seul, l’être sous le plafonnier (l’être est seul sous le plafonnier)

______ et la littérature a fondu

je prends grande le monde

et puis l’Amérique inexistante, son cinéma

arrêté ce qui a chu, impossible

toute vérité à course folle _______
même pas nue sous le plafonnier froid

saisissez le titre

le mot le nom
le mot le titre le nom
le nom le titre
le mot

le mot le nom quelqu’un
le nom le titre
quelqu’un

le mot le nom
le nom personne

personne

le passé composé est aussi un futur

[teintes d’automne]

Frans Pietersz De Grebber, Banquet of the Officers and Subalterns of the St George Civic Guard, 1619 (détail)

qu’est-ce que ça fait de pas être précis ?
j’en sais rien.
mais quoi ? qu’est-ce que ça fait un mot à la place d’un autre ?
qu’est-ce que la certitude ?
j’en sais rien mais j’aime pas les imprécisions.

qu’est-ce que ça fait au juste ?
ça fait du faux. du faux prononcé avec conviction.
ça fait que l’autre y croit ?
oui. et c’est faux.
et l’autre crie c’est pas vrai c’est pas vrai !
oui.
et l’autre n’en démord pas ?
oui.
et l’autre souffre ?
oui ! atrocement. et pour rien.
pour rien ??
oui ! il souffre pour la vérité.
il ne peut pas rectifier ?
non. son faux lui sort de la bouche il n’y peut rien.
même si ça a des incidences graves ?
oui ! c’est fait pour ça ! mais c’est pour lui les incidences.
pour lui ??
oui, c’est ce qu’il croit lui, son faux comme vrai. il a besoin des incidences.
oui mais il le dit à l’autre ! il l’affirme même !
et alors ? les incidences issues de son faux l’aident.
laides ?
laides comme ses plaintes. qui l’aident avec les incidences.
il a besoin de son faux, des incidences, et des plaintes ?
oui, c’est à peu près ça.
c’est la définition du névrosé !
en quelque sorte.