Elle farfouille dans sa boîte aux lettres. En sort des prospectus, fébrile.
Marmonne ostensiblement. Mais qu’est-ce que c’est que ça ! Et ça ! Et ça ! Déchire. Jette.
L’autre s’approche :
– Vous pourriez faire mettre Pas de publicité sur votre boîte aux lettres, comme ça, sous les noms.
– Il n’y a pas de place.
– Oui, parce qu’il y a trois noms. Mais vous pourriez faire mettre les noms sur deux lignes au lieu de trois, comme ceci, on enlève la ligne 2, on fait remonter le deuxième nom à côté du premier, on sépare par un tiret les deux noms, on remonte la ligne 3 et il reste de la place pour Pas de publicité.
– Non, les trois noms, c’est personnel.
– Oui, ça n’empêche pas, regardez. L’autre femme réexplique les lignes, la disposition des noms, la place ménagée pour Pas de publicité.
– Oui, sûrement, peut-être.
Puis, les prospectus à la main, il en reste, à moitié sortis d’une enveloppe, elle s’écrie : je suis chrétienne, moi, je suis pour la vieille France ! Je ne veux pas de ça dans ma boîte aux lettres ! Ah non ! Ça non !
Et, dans un élan furieux de la dernière heure avant le lendemain, de tout son élan d’élégante et digne croyante africaine, elle pivote brusquement et se dirige vers son bâtiment.