depuis quelque temps, je ne vois pas ce que je vois,
ça glisse, je ne vois rien, je ne vois rien de bien, je vois sans voir,
il m’est impossible de préciser rien, quoi que ce soit,
je m’ennuie à essayer de préciser
je ne vois pas ce que je vois, absorbée par les images
il y a longtemps, très longtemps, ça me revient :
je pensais écrire une sorte de phénoménologie,
sans savoir exactement ce qu’est la phénoménologie,
sans chercher à savoir,
j’écrivais sur l’artichaut et la pensée, je pensais que c’était de la phénoménologie,
sans savoir exactement
je ne savais rien, absolument rien, pour la raison que je voulais rien savoir,
je ne voulais pas apprendre, je refusais d’apprendre.
mais un jour, ce jour de l’artichaut et de la pensée,
est né ce texte intitulé Comment c’est : penser ? avec l’artichaut,
je pensais phénoménologie mais sans le dire, je pensais le mot
je n’en sais toujours pas plus, et en plus je ne vois rien de ce que je vois :
ça glisse, il n’y a pas d’obstacles,
c’est comme une substance lisse ; ce que je vois ne représente rien.
je vois des phénomènes,
des mix d’arguments et de prises de positions visuelles
dans la baie des images, je vogue et ne vois rien, plus rien
dans la baie des mots je retrouve la vue, et avec, les animaux à écailles
comme les artichauts dans leur rapport avec la pensée, toujours ratée