Prologue
Comme je me faisais chier un jour de novembre du nouveau siècle, celui qui est devenu le pire de tous les siècles, et que l’air venait à manquer en Chine, en particulier, mais aussi partout, que les livres, je les avais tous lus, et les plaisirs tous épuisés, que je ne sais pas et ne saurai jamais parler espagnol, je décidai d’écrire Buenos Aires, en français dans le texte : Les bon airs.
Il y faut du panache, du toupet, de l’insistance, je dirais : un sentiment du chevaleresque, une certaine dose d’inconscience pour embrasser les rives du Rio Bravo d’un seul vaste geste. Mais non, je n’embrasse rien ni personne. Certainement pas. Décidément plus. Je me suis détaché de tout ce qui ressemble à une embrassade, à un rapprochement avec l’autre, fût-il fleuve. Enfin, le but n’étant pas de raconter ma vie, mais la vôtre ou celle de vos voisins ou de vos aïeux, pourquoi pas, le but n’étant pas de raconter tout court, qu’était le but ?
Qu’était le but ? Il y eut des enthousiasmes, des rencontres ébouriffantes, des éclats bleus, rouges, dorés, dorés à l’or fin, des espoirs longs, des bruits aimés, des formes de religions dégradées, bref, des vies. Revenons aux Bons Airs, recentrons-nous, remettons-nous sur des rails. On nous attend au tournant.
Frédéric Fenêtre, novembre 2020.