le rouge est dans le bleu

lorsque je vais pour écrire le rouge est dans le bleu, tout s’en va, le rouge, le bleu, les autres
l’incertitude est majeure, les rêves, nombreuxIMG_20160709_143918
les bruits du bleu, les cris du rouge, les uns dans les autres,
un clapotis d’adjectifs clinquants, l’insolence de la couleur : le choc

le rouge dans le bleu, sortis de leur contexte, nus comme des vers, devant la façade, blanche
éclairée, étincelante, sans objet autre que le soleil décidé, vengeur

l’idée du bleu bruit dans la flaque du rouge : un silence pleut, dur

lorsque je vais pour écrire le rouge est dans le bleu, d’innombrables objets quêtent une probation
par exemple : deux combinaisons chair ont chuté, nouées, pour orner sans toucher le sol deux chaussures vides
leurs nuances chair n’est pas la même, l’une est plus claire, l’autre un peu plus brune

lorsque je vais pour écrire le rouge est dans le bleu,
l’étoffe soyeuse des combinaisons sans corps nouées dans les œillets du rêve jette à la nuit la fugacité des vies

de la langue française, mot(s)

il est dans les hésitations, dans les limbes
il a des contours flous, des drapés diaphanes,
il emprunte des mots souvent courants, il en perd d’autres,
à un moment il a la tête penchée,
pour un texte, c’est bizarre, il se penche sur amour,
il l’a rêvé, puis l’a mis à la corbeille, d’un geste délibéré,
ensuite, pris de remords, il l’a recherché,
rien ne se recherche, a pensé ce qui pensait sans glisser
il a bien vu que penser et pencher, il a vu, entendu
c’est courant, il n’a pas couru, il a continué,IMG_20160607_132113
il est bien sous sa douche de mots penchés
il les savonne sans glisser, il prend des précautions,
il en faut, pour un texte qui se pense,
mais pas trop, il ne faut pas trop travailler,
il n’est pas une pâte, un texte n’est pas une pâte,
où est amour, il l’a rêvé puis mis à la corbeille,
sans penser à rien, ou bien il l’a dit à quelqu’un
qui n’a pas entendu, le seul mot qu’il n’utilise pas
aurait-il dit dans son rêve ou bien ailleurs,
la corbeille est vide, le texte a disparu
il est dans les limbes, dans des drapés diaphanes

(une autre fois, il sera question de bonbon)

à sortir de l’herbe et de ses courants

le vide est arrivé, vite arrivé il était déjà là
retrouvé sans faillir, et ses frivoles insectes
au bruit dont les sens repèrent l’ineffable
répétition à croire l’été, du vide séparés
sans aucun jamais, sans aucune obscurité

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alors que dans les courants d’herbe
bruissent cinglantes des cigales soucieuses,
l’ineffable vide répété, ce vide soucieux
pleutrement réparé organise l’idée
que les corps épuisés épousent l’été (…)

pour que je te voie, le mot

ils viennent pour qu’il y en ait un et un seul –
rudes et se bousculent, depuis le port vétuste

leur ennui brouillon viennent étouffer –
se séparent au seuil des maisons colorées

Robert Berény , 1928


une volute occupe seule l’espace là-bas

sinon une canne et un chapeau : un homme marche

 

il n’est de forme que haute : son haut-de-forme
et ces rues pentues que l’ombre découpe, brute


©Robert Bereny, 1928

 

ils viennent, encore, pour qu’il n’y en ait qu’un,
drus serrés comme semés avec irraison

des engins de levage aux pattes fines, bleus,
jaunes ensemble, pour que je te voie, le mot

scotomes scintillants

Vendredi 26 juin 2009

 

Je n’avais qu’à pas déjeuner, ou pas là, ou pas à ce moment, ou pas avec cette femme, ou pas sous cet angle, ou pas japonais, ou pas après avoir autant jeûné.

Soudain, son visage s’est comme replié d’une moitié sur l’autre. J’ai tenté de la regarder latéralement.
Nous avons échangé nos places. C’est alors que la salle entière s’est repliée par sa moitié de l’une sur l’autre, comme un panoramique désajusté.
J’ai repris ma place. Je tentai de la regarder, en tournant la tête, pour arrêter cette érosion du faciès. Je le voyais cubiste, les yeux très près l’un de l’autre, le nez et la bouche désaxés.
La conversation s’est décentrée. Impossible de maintenir ma concentration.

Puis la focale s’est refaite sur son visage, subitement redevenu net.

Et c’est à ce moment que les scotomes scintillants ont commencé à danser de part et d’autre de son visage. C’est rapidement devenu infernal. J’avais quitté la vision en kaleidoscope pour entrer dans une autre vision, encore plus inquiétante, instable aux bordures, trop brillante.

À la première bouchée de sashimi, tout est rentré dans l’ordre. Elle me dit : tu avais peut-être besoin de manger. Ici, le service est très lent.

:-: redevenir revenir :-:

le chien a été au musée

et pendant ce temps

langue pendante

Tchécoslovaquie envahiecapture végétale

par ce violoncelle

et des fumées sombres

des traces diffusées

le chien est au musée