quelque chose est signé à la place

elle lit les mots n’y sont pas

quelque chose est signé à la place
un pré avec deux ânes dedans
à sa frontière se courbe la route
les ânes viennent sous les mots
une femme longe des céramiques
collées sur une façade grise
que des rails prolongent de leurs mots
le rapprochement de la femme et des ânes
imminent teinte l’espace de mots
un marbrier contigu expose
des plaques gravées de lettres

elle lit les mots n’y sont pas

je rencontrerais récri

récri

la lettre serait postée, le texte s’écrirait, je rencontrerais récri

il me plairait, comme un petit invalide
il me plairait, je déciderais de le travailler
je l’écrirais à l’intérieur du texte, et au pluriel, parce qu’ils sont plusieurs

je ne me souviens pas de comment
je ne dirais rien des niveaux de détail
il y a un impératif du secret (inutile de rajouter « absolu »)

dedans, pourtant, beaucoup de chaufferie,
une activité incroyablement résurgente
et loin des réalités, très loin

oui, j’ai rencontré aujourd’hui des récris,
et non, ils n’étaient pas employés,
pas suffisamment employés

 

[L’enfant se faisait traîner, non passibus aequis, comme dit Virgile,
et trébuchait à chaque moment, au grand récri de sa mère
(V.Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 242)]

de l’intercalation en cale sèche

intercalage est moins employé
c’est une remarque qui me l’apprend

REM. Intercalage, subst. masc., rare. Action d’intercaler, d’insérer quelque chose ; résultat de l’action. Il n’y a pas eu non plus intercalage brusque d’un élément opaque qui aurait séparé l’antérieur du postérieur comme une lame de couteau sépare un fruit en deux (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 61).

je m’occupe du sens B à propos de quelque chose que je suis tentée de faire pour ne plus assister à la défaite d’un texte que j’écris/n’écris pas

B − Ajout à l’intérieur d’un ensemble terminé. L’intercalation d’un mot, d’une ligne dans un acte, d’un article dans un compte, d’un passage dans un texte (Ac. 1835-1935).

j’intercale alors dans ce texte des mots en corps plus petit, comme
totalement cru,
général,
bizarre,
ces mots ne pouvant que faiblement faire état d’une continuité non plus que d’un sens très précis

pour parfaire mon émulation j’ajoute l’exemple proposé par métonymie que je suis obligée de relire une dizaine de fois et auquel je ne comprends toujours rien

Par méton. : Je vous envoie une intercalation, la pièce Tu peux comme il te plaît me faire jeune ou vieux, qui entre dans le livre II sous le numéro VIII et rejette au chiffre IX la pièce En écoutant les oiseaux. Modifier les chiffres d’ordre suivants en conséquence. Hugo, Corresp.,1855, p. 211.

puis je regarde les tiroirs de mon bureau, au nombre de huit, deux fois quatre, encadrant un double espace horizontal délimité par une étagère dont j’ignore si elle peut être définie par son intercalation, que je prononce alors mentalement

Prononc. et Orth. : [ε ̃tε ʀkalasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694.

les mots se dérobent et flottent dans une temporalité devenue incertaine, que le sens A me confirme avec la possibilité d’un treizième mois ajouté aux douze autres

A − CHRONOLOGIE. Addition périodique de jours à l’année civile afin de la faire coïncider avec l’année astronomique. Pour établir l’accord entre les mois lunaires et l’année solaire, les Grecs eurent recours, comme nous l’avons déjà vu chez d’autres peuples, à l’intercalation d’un treizième mois, ce qui donna des années de 354 ou 355 jours et d’autres de 383 ou 384 jours (Chauve-Bertrand, Question calendrier,1920, p. 54).

rien d’étonnant alors si la véritable nature de l’intercalation se révèle dans le bordel du monde tel que défini par le sens C

C − Introduction, insertion de quelque chose dans un ensemble ; fait que quelque chose apparaisse comme inséré dans un ensemble de nature ou d’aspect différent. Dans ces caillasses apparaissent tantôt des lits d’eau douce, tantôt des intercalations gypseuses, attestant l’évaporation qui se faisait dans les lagunes parisiennes (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 345). La répartition des terres et des mers, l’intercalation des plaines et des montagnes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 214). [J’] insère des projets secondaires dans des projets primaires par truffage graduel ou intercalation (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 48).

 

 

[merci au CNRTL]

stance à la valeur *

toutes les légitimités ne s’équivalent pas
il y a différents stades, différents niveaux
il faut préciser cela, il le faut
il y a des meilleurs et des moins bons,
des carrément mauvais, des rien du tout

Camera_obscurail y a des références, des sentences,
des échelles de valeur, des valeurs différentes,
cela vaut, cela vaut moins, et même sans chiffre,
même sans nombre, même sans ombre,
la valeur valeureuse brille dans le panier des valeurs

la construction de la valeur étayée par des échafaudages
a toujours pour idéal le sommet, la cime, la hauteur
toutes les légitimités ne s’équivalent pas

 

flaubertine : fantaisie d’après-midi

Regarder des objets littéraires, comme ça. Et constater des choses. Des choses qu’on ne peut pas définir derrière deux points. Des choses qu’on peut à peine expliquer puisqu’on ne les comprend pas. Des choses inexplicables. La gradation entre un peu et pas du tout se met en marche. Il n’y a plus de jus. Ça se traîne lamentablement.

Un peu et pas du tout sont très proches et menaçants. Si un peu est vrai, pas du tout ne l’est pas. La paresse consisterait à dire : et inversement. La paresse est toujours ici ; elle en prend à son aise, la paresse. Et inversement est vrai.

Un peu explicables et pas du tout explicables revient à torturer la matière de la compréhension. Les choses qu’on ne comprend pas. On hésite encore. Les comprendre un peu ou les comprendre pas du tout. Il n’y a plus de jus, il n’y a plus de jeu. On ne veut pas former de jugement.

Flaubert à SandRegarder encore des objets littéraires. Ils n’en sont pas. Il ne sont pas des objets littéraires. Ils n’en sont pas. Ce ne sont rien. Il est possible qu’on regarde des objets littéraires qui n’en sont pas. Ils glissent, ils voguent, ils dérivent sur des métaphores usées lesquelles s’effilochent souvent durant plusieurs lignes inutilement.

On ne comprend pas ou peu ces objets littéraires qui n’en sont pas. Ce ne sont ni des objets ni littéraires. Pourtant ce sont des objets littéraires puisque ils relèvent de. Lorsqu’on relève de, on gagne la considération de la nomination, on est rangé dans la boîte et on se tait, bien à plat.

L’objet littéraire multiplié par son nombre rangé bien à plat dans tous les livres et toutes les surfaces comportant des pages attend qu’on le regarde. Il se pavane et fait de l’œil jusqu’à tant qu’on le regarde. Il n’a rien d’autre à faire et il le fait bien. Le problème est que la plupart du temps il n’en est pas, il ne sait pas ce qu’il est. On ne sait pas de quoi on parle, ça commence souvent comme ça.

Il était une fois l’objet littéraire, nombreux, regardé. Il n’avait rien d’autre à faire que de se pavaner dans la page et autres surfaces-supports. Et puis un jour, sa princesse arriva et le transforma en glacier fondu. Alors il mourut, entraînant avec lui tout le royaume. Le désastre financier s’abattit sur le monde des objets littéraires qui disparurent.
Et comme on sait, ils avaient disparu bien avant de disparaître.

verbiage & ses synonymes

 

bavardage
bagou
faconde
boniment
loquacité
verbosité
éloquence
prolixité
parlote
caquet
délayage
radotage
verbalisme
redondance
phraséologie
paraphrase
papotage
loquèle
garrulité
dispute
compliment
cliquetis
blablabla
verbomanie