Il n’y en a pas ; non ; rien du tout ; pas du tout ; impossible.
(extrait de la définition du CNRTL)
La locution adverbiale, qu’elle écrivit intuitivement « makkache bono », avait pour objet quelque chose qu’il n’y avait pas, quelque chose qui ne collait pas avec autre chose.
Quelque chose qu’elle avait cherché, et mince, qu’elle ne pouvait pas obtenir : une adéquation entre un objet et un autre. À quelques millimètres près, cela ne fonctionnait pas.
C’était un court mail (un court courriel), qu’elle adressait à un proche, un familier, quelqu’un qu’elle n’aurait pas besoin de nommer dans la formule d’appel virgule, d’autant que ce mail était la suite d’un autre : en deux phrases ceinturées de points d’exclamation, elle avait rectifié l’orthographe de la locution, ces deux « k » intuitifs lui ayant paru si pertinents, alors que non, un « c » banal suffisait pour macache.
Et renvoyé, légère, après le premier mail, cet autre courriel pour expliquer sa furieuse dépense de « k » surnuméraires par un tropisme supposé turc (comme si elle connaissait le turc).
C’était sans compter avec les adresses pré-remplies (elle aurait compté que le résultat eût probablement été semblable). Appuyant hâtivement sur la touche Enter, sans aucunement vérifier le destinataire, elle envoyait le courriel désinvolte au président d’une fondation artistique, lequel apprendrait que non, makkache bono ne s’écrit pas avec deux « k » mais avec un « c ».
Et force points d’exclamation.
Et venant de nulle part : non signé et sans aucune formule de politesse.
Macache bono, ce quelque chose qui n’existe pas, cet écart minimal entre les choses.
Balthus, La Fenêtre, cour de Rohan, 1951 (détail du tableau et du cadre)