le mur et les zinzins

arrivée au point de blocage
blocage comme mur
arrivée au point de mur bloquant

le mur resta là, devant, plutôt devant
et son état de mur empêcha de voir
comme il est d’usage pour un mur

 

gris ? personne ne savait, possiblement gris

 

pas assez d’air, pas assez d’air
dépôt de plainte contre le pas assez
contre le passé, contre le mur, contre le devant

le mur les rendit zinzins
au milieu du mur, le vent
une ouverture, soudain, une décision

 

le vent revint, et avec, les zinzins

 

personne n’a besoin du mur pour être zinzin
le mur et le vent les rendirent zinzins
& leur alliance au dépôt de plainte, impossible

gênes fortuites

je cherche la fonction
/ départs indécidables
\ départs multiples
je lis Vie nouvelle
je ne suis pas réelle

je prends quelques notes en bord de mer
j’attends que ce soit le moment
ça ne l’est pas
ça ne l’est toujours pas
les jours passent

j’oublie l’adjectif
je le cherche au lieu de chercher la fonction
je ne sais pas ce qu’est la fonction

pendant plusieurs jours
ne viennent que gênes induites

un géant de deux mètres treize
met la gêne en fuite

emploi raisonné de l’imparfait

récit nourri de causes multiples
récit nourri avec couteau 1 : la poire n’avait pas de centre
récit nourri avec couteau 2 : la laitue avait deux coeurs

la laitue affectueuse et la poire vierge de pépins
avaient en commun un couteau et l’imparfait du récit

les deux bouts du récit ne se tiennent pas
ils se tiennent rarement dans les récits nourris avec couteau

le mot anxiogène n’existe pas dans la langue
et pourtant il est utilisé à des fins politiques précises

le permis de séjour d’un récit nourri de causes multiples
serait contresigné par l’urgence mais sans ses causes

à quoi sert couteau 1 ? à séparer les épluchures de la chair
à quoi sert couteau 2 ? à réduire la salade à ses feuilles
à quoi sert un récit nourri avec couteau ? à employer l’imparfait

freesbee langue

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ce jour de freesbee langue est arrivé
ce jour ce jour ce jour ce vrai jour
si dansant si chantant ce jour de chaque jour
de freesbee langue je l’ai reconnu

ressemblait étrangement à pipelette dancing
mais avec sa petite différence son petit sens
son envers tout cruchon son petit capuchon
arrivé dans les oreillers arrivé dans la volupté

pipelette dancing* très sérieux composé pour
la revue Pøst arrivera à l’heure de Montréal
arrivera comme freesbee langue sur tapis volant
un matin dans les blanches pages du carnet


longue time de la freesbee langue
contient en sa cruche tout ce qui versable
se dérobe au versifiable et envoie au diable
les savoirs prononçables les chichis à table.

* pipelette dancing, initialement composé pour la revue Pøst, y sera publié
le vendredi 15 mars 2019 à 22h30 heure de Paris dans son numéro 3.2

c’est, pratiquement, pas moi

je l’ai vue passer : j’ai une tête de lampe
mon ministre est un interrupteur, et des ennuis
qu’il éteint fréquemment, je règne sur une
quantité d’infinités déplorables
leurs noms : long trait, compas, générateur obscur

                                                            Mélanie Manchot, Cornered Star, 2018

je me tords les chevilles, mon fil se noue de
courts-circuits probables, et parfois de langueurs
surprenantes, type quinconces avérées
corps obsolète, forcément, branchement syntone
épuisement des possibilités hors prise

mon être de lampe me convient mieux aux yeux
je me répète aux coins des pièces
il est des fuites non récupérables comme
proches des cardinaux, qu’une patente
viendrait sceller en vain, mais avec application

nos chambres célibataires

alors apparaissent les crayons,
ceux auxquels nous croyons

assis, nous ouvrons les yeux
et tapotons nos oreillers

dire n’est pas nécessaire
rien n’est nouveau, ni ce mur

que nous regardons longtemps
& les chuintements minuscules

que nous entendons amicaux,
ni l’horizon parsemé de silhouettes

                                                                          Henri Michaux + ombres + reflets

l’éloignement des arbres
dont les crayons sont faits

les rend approximatives
nous penserions primitives

si nous devions penser, ce qui
n’est pas non plus nécessaire.