parfois je suis moins féroce, ils viennent, ils débarquent, ils vroument,
ils cabriolent, devrais-je les quitter ?
mes pieds secs circulent dans des babouches anciennes,
devrais-je les oublier ? ma mémoire les laisser divaguer comme les errants, dans une immense forêt les perdre ?
j’ai un costume noir, je les interroge, je ne parle pas leur langue,
des fumées calment mes fureurs, des décisions, implacables,
à leur propos sont prises, que mes mains signent
après avoir classé sans suite des photogrammes enluminés
j’ai baissé la lumière et des îlots de sons recourbés se déplacent
au bout des cils du temps,
un bâton, une fois, scande les échos comme une talonnette asymétrique le trottoir ébréché des arguments perdus,
je me tiens droit,
des voix portent la distance mouillée depuis l’enfantement ruineux des ancêtres, il me reste du sable à la naissance des orteils
[28 avril 2015]