les années 80, tout est riche, les années 70 tout était pauvre,
Donatienne veut faire de l’argent, c’est une décision,
être pauvre n’a aucun intérêt
– Bataille, la dépense, le potlatch, l’argent –
le camion arrive dans la cour du Centre d’études,
un type pas mal en sort,
J. arrive dans la cour avec quelques dossiers sous le bras, flanquée d’une assistante, elle s’en va, elle a fait sa journée, elle repart
…mais elle monte à cette longue tige jaune robuste, engin de levage apposé contre un mur, installé par le type, pour dévisser des boulons, avec cette autre femme, hiérarchiquement moins importante qu’elle
l’engin est sale, visqueux, les boulons enduits de pétrole,
Donatienne dans la cour pense que J. va se salir,
J. veut essayer le travail manuel, après tout pourquoi pas, a-t-elle coutume de dire
(J. a une écriture tellement grande qu’elle dépense des quantités de feuilles de papier pour très peu écrire, et rature à souhait)
T. arrive, échevelé, en veste claire, dans les tons gris, il a oublié un synthé alors qu’il partent en concert, comme d’habitude, il oublie toujours quelque chose, un comparse l’accompagne, un autre musicien
un autre type assis profite de la lumière de 17h pour photographier son amie, c’est une Chinoise, la lumière d’un support spécifique posé sur la table, bleu profond, se reflètera sur son visage
Donatienne reste là, jusqu’à quand, rien ne l’indique
le type arrivé en camion avec l’engin de levage est assez beau
J. demande en partant, elle crie à Donatienne : tu viens ?
Donatienne ne viendra pas, elle reste là, sans but précis, peut-être repartir en camion avec le type assez beau ?
J. est morte mais aucune importance, elle grimpe à la tige, grue mobile, engin de levage, toujours cramponnée à ses dossiers, pour dévisser des boulons visqueux enduits de pétrole…