[2 mars 2004, une heure du matin]
– À l’aller. Un sujet attend le bus. Soleil froid. Camionnette 93 au feu rouge. Temps d’attente trop long. Le sujet s’approche de la portière ; la vitre descend ; une question est posée : vous allez à République ?
Le rouquin beur au volant y va. Le sujet se hisse. La route et ses incidents. Le couloir de bus qui peut coûter 93 euros. Puis les présentations. Juste avant de descendre.
– Au retour. Le sujet attend le bus. Soleil froid. Le sujet monte dans le bus et reste à côté du chauffeur. Conversation roule, parallèlement aux souples mouvements du levier de vitesse. État policier, Sarkozy, service public, insécurité, propagande, premier tour, en souplesse, couloirs de bus, banquettes, séparateurs, murettes, rouler, ne pas rouler, fusion des lignes, lignes de fuite… Jospin, le deuxième tour, le premier. Parler.
Le chauffeur parle : on dirait qu’ils suivent tous les chapitres de 1984 les uns après les autres.
Le sujet pense, incidemment : grands corps de l’État et abeilles anormales, mourant de mort subite, mortalité anormale des vieux par grandes chaleurs.
Puis descend. Il fait froid, beau, on est sous la droite, toute. Et les chauffeurs réchauffent (les coeurs engourdis).