ça dépend comment tu es disposée, ça dépend ;
il faut d’abord retrouver ce qui est, tu prends beaucoup de temps à retrouver, déjà tu te demandes ce qui a été trouvé, ensuite, retrouvé, tu erres le long d’un couloir, tu n’avances pas, le couloir s’allonge au fur à mesure, au fur au fur, à mesure à mesure ;
tu l’as toujours pas retrouvé ;
des paroles se dessinent, et, contrairement aux bonnes mœurs qui consistent à les écouter, tu les regardes ;
tu cherches continuellement, des comparses arrivent, impossible de leur demander quoi que ce soit, ils préfèreraient mourir plutôt que de dire, leurs yeux fuient, ils sont apparus dans un roman (qu’aujourd’hui certains dénomment fiction), voire deux, voire plein, ne mégotons pas ;
tu tues la facilité, tu dis à la facilité : regarde-moi dans les yeux, je te tue au milieu ;
tu oublies que la facilité n’a pas d’yeux ou bien tu fais semblant d’oublier ;
pour la nième fois tu refuses de répondre parce que tu ne sais toujours pas quoi ou que répondre à la question ;
toutes les questions t’ennuient mais ils continuent de les poser ;
tu sais de source sûre que la médiocrité n’a pas de fin et que de nombreux abonnés et souscripteurs feignent d’en être exclus, or non, ils n’en sont pas du tout exclus, ils sont inclus dans le cercle de la médiocrité, voire mandatés pour le faire tourner ;
tu as des piquants, bien que etc. ;
avec tes piquants, dont on a admis, et l’existence, et le postulat de l’existence virgule tu piques : erreur, rien ne pique, tu voudrais piquer mais rien ne pique, il faut résoudre l’énigme ;
tu fais appel à un résolveur d’énigme, que tu trouves dans le bottin qui n’existe plus : à ce moment, tu as trouvé ce qui est, reste à le retrouver ;
tu observes que ce qui est se trouve dans un objet oublié des enfants, et des autres qui ne sont pas des enfants ;
tu veux à nouveau tuer la facilité mais impossible, tu es toi-même sans milieu vis-vis des yeux, et être sans milieu crée une gêne ;
tu inventes un dialogue ineffable entre mme parasol et mme paracétamol, qu’il t’est à l’heure actuelle impossible de retranscrire, prise que tu es par la vitesse d’exécution des prolégomènes de l’œuvre ;
tu redoutes les prolégomènes, ils te sortent par les yeux ;
tu observes que tu mimétises la médiocrité, oui mais elle avait qu’à pas être là, non plus que le néologisme ;
tu observes alors que tu infantilises ton propos ;
oui, mais ;
tu observes que la marche du monde accélère la médiocrité et l’infantilisation, tu ne sais pas qu’en dire ni qu’en faire ;
tu te souviens que ton arrière-grand-mère est morte à baden-baden quand tu avais vingt ans, c’était hier, ajoutes-tu par faiblesse ;
que les autres arrière tu n’en sais rien ;
avec celle de baden-baden pour dernière demeure, il reste des lettres, vous vous écriviez, elle te faisait la morale féministe : il ne faut pas se faire entretenir par un homme, tu te faisais entretenir ;
tu as toujours préféré jouer au flipper plutôt que faire n’importe quoi d’autre, à l’orée des jours, vers le milieu du jour, de part et d’autre des yeux, la boule et les bumpers ;
la boule que tu suis des yeux, ne jamais la perdre des yeux, actionner les bumpers pour qu’elle ne tombe pas dans le trou-trou du milieu ;
tu ne peux pas te résoudre à autant de facilité et pourtant ;
tu te demandes si facilité et médiocrité c’est la même chose ;
tu te demandes rien vu que tu es saoûle ;
tu prends alors une voiture et puisque c’est comme ça tu fonces dans la foule, mais tu freines parce que t’as jamais pu aller jusqu’au bout ;
tu n’as pas réfléchi si mourir à vingt et quelques est intéressant, tu as freiné avant de tamponner le réverbère ;
ensuite tu as fait ta vie, toute une vie, rapido-presto ;
quand tu t’es réveillée, plus de flipper, plus de bumpers, plus de boule ;
tu es sortie du bar il faisait jour, nuit, tu as respiré (inspiré, expiré) et marché jusqu’à ce que les années s’effacent presque complètement.