?¿ cette obsession de l’équanimité ¿?

 

 

L’homme pêche, ça commence toujours comme ça, devant un lac, au bord du lac, il pêche. Il est concentré, il a un chapeau assez plat qu’il porte sur le milieu du crâne, ni trop près des yeux, ni de la nuque, non : comme il faut, qu’il soit plat, que la fonction du chapeau soit de couvrir sa tête, très simplement, n’entrave pas ses gestes. Le protéger du soleil serait accessoire.

Bref ce pêcheur-là. Un peu trapu, pas forcément lent, on peut saisir des gestes vifs à le regarder, voire le scruter, le surveiller peut-être ? Pas très grand, bien qu’on ne voie pas la taille qu’il aurait debout, tel qu’il est assis sur son tabouret à anse rectangulaire évasé en osier avec son matériel dedans.

Un homme paisible, qui aurait renoncé aux bruits du monde, aurait-il des cheveux gris ? L’homme est là depuis un moment, il n’a aucune raison d’être ailleurs ; il pêche. Il en montre tous les signes, sans aucune précipitation ni ostentation. Il se penche sur l’hameçon, réajuste l’appât, lance le moulinet, fait le nécessaire.

(Pour quel regard ?…)

– – on ne répond jamais qu’à côté – –

 

 

traversée de la place Vendôme

global merdier & mère surface

le fait-divers a tout recouvert

un envahissement de poussière

une petite bande minuscule invisible et invincible

*

le développement aurait pris du temps
il aurait fallu marcher longtemps
secouer la tête
discuter
ergoter

*

même les conditionnels sont miscibles dans l’eau
un peu de chimie organique
un peu de mécanique des fluides
un peu de quantification gravitaire
un peu d’au-delà dédié

*

global merdier & mère surface

l’être dedans

tout est d’avant

à partir du Ritz son humeur changea

peut-être même une écharpe de ciel bleu ?

< Je ne suis pas un robot >

 

 

 

Je vais voir quelqu’un parce que je ne sais rien. J’arrive au guichet. Je ne vois pas comment je vivrais sans guichet. Il y a un trou peu commode au bas de la vitre, étrange, rectangulaire écrasé, on ne sait pas à quoi peut servir cette découpe, je ne sais pas où parler. Si je parle à la vitre il y a peu de chances pour qu’on m’entende ; si je parle au trou, il faut que je me baisse, ce n’est pas à ma hauteur. Je me sens gauche. Je ne sais pas trop pourquoi je suis là.

La fille me tourne le dos. Ses cheveux noirs. C’est pas forcément une fille, comme moi je ne suis pas forcément une femme. Rien n’est certain. Je ne sais pas ce que je lui dirais. Pourvu qu’il reste encore un guichet. Ils les ont tous retirés, ou presque. Trouver un guichet est presque en soi une joie. Y parler, une sur-joie. Parler à un guichet, façon de parler, mais quand même.

Je sens quelqu’un sur ma gauche, qui pourrait aussi vouloir parler au guichet. Immédiatement je perçois l’ennemi qui me passerait devant, dont le corps se mettrait en travers, dont la parole fuserait avant la mienne. C’est quelqu’un qui se rapproche au point de vouloir me rentrer dans le bras. Je résiste, mais j’ai le bras gauche assez faible, je ne peux pas barrer l’intrus. Je ne veux pas bouger. Les cheveux noirs sont toujours là, un peu moins visibles, comme s’ils s’étaient éloignés du guichet, comme s’ils se désintéressaient de cette lutte de bras.

La personne derrière le guichet se retourne enfin, cessant de ne montrer que ses cheveux. C’est un homme, plutôt. Enfin je crois. On dirait un être créé par IA. Les yeux sont remarquablement fixes, de couleur profonde, dense, marine.

                                              ”Réflexions”, Emmanuel Barrois, 2023.  Domaine national du Palais-Royal.

< renseignements pris… >

 

 

chercher des renseignements
(sur la poésie par exemple)
faire au fur à mesure avec les idées
& retomber sur ses pieds.

continuer à lire des revues
auxquelles on ne comprend rien
des noms propres de poètes supposés
très jeunes très fats parce que très jeunes

se demander soudain le prix du papier
le prix de l’électricité le prix du fuel
le prix de l’amour on a oublié
le prix du sexe a disparu, le prix de la guerre, non

les vieux poètes c’est pas mieux
se chipotent en vieux couples
tirent tous les mots à eux
comme une couverture insuffisante

invariablement la page se tourne
les livres bégaient
il resterait des idées
pour retomber sur ses pieds.

perforation autre que le trou

 

sous-titre :
fantaisie pour un trou

 

le tore est un trou, disait-il, ce scientifique, pour minimiser Lacan
= comment le mépris agit, du scientifique envers le psychanalyste,
et en même temps comment le surréalisme les a unis dans cette période
(années 30 grosso modo, et ensuite jusqu’à 50)

le mépris, une belle figure qui tient les humains ensemble,
les uns par rapport aux autres,
le mépris du scientifique (la réalité existe, je l’observe)
par rapport au trou du réel (n’existe pas, je l’invente)

les livres sont aussi des trous
il y a un gardien des livres, qui les nettoie,
les lave avec un savon spécial, les classe, les range,

dans la pièce, le gardien des livres considère les livres à classer,
à remettre dans un ordre, choisir un ordre,
alphabétique, par domaine, arts, musique, romans, etc.
c’est moche, sachant qu’aucun ordre n’est le bon

prenons une machine à coudre
prenons une mitraillette
prenons une perforeuse
et perforons des trou-trous !

on comprend rien à ce que vous dites, Madame !
ça tombe bien, moi non plus.

                                                                                                     tombe ancienne à l’abandon

 

 

trois nuages bleus

 

 

l’aspect finances occupe le terrain
des économies en veux-tu en voilà
la dépense française en falbalas
armement à la lettre près
la défense française coûte un bras

& l’honneur…………………………………………………………

sirènes effrontées montent au firmament
bourrées jusqu’à la gueule
d’armes rutilantes en forme d’ogives
suivies par les regards militaires
jamais tant la responsabilité

ne fut

mise en cause

éclairés et calmes
trois nuages bleus paressent
au réveil lascif
comme ils paraissent
et disparaissent pendant l’attaque

peu

importe

les

différences

l’aspect finances occupe le terrain
les affaires se font malgré et avec
les circonstances
jamais aucune stance
ne servira à les taire.

 

[n’en rien déduire
par la brèche infiltré
le poème maigre
tel un poisson
ne veut rien dire]